Présentation générale
par Aliyah Morgenstern et Marion Tellier
Université de la Sorbonne Nouvelle. Courriel : aliyah.morgenstern@sorbonne-nouvelle.fr
Aix-Marseille Université, Laboratoire Parole et Langage – CNRS UMR 7309. Courriel : marion.tellier@univ-amu.fr
Récemment, la communauté des études gestuelles françaises a perdu deux de ses pionniers charismatiques qui ont inspiré les générations actuelles de spécialistes de gestuelle, langue des signes et multimodalité : Dominique Boutet et Jean-Marc Colletta. Nous souhaitons leur rendre hommage et perpétuer leur héritage scientifique à travers ce numéro.
Résumé : Ce texte introduit un numéro spécial de la revue Faits de Langues dont l’objectif est de montrer à l’ensemble de la communauté que l’on peut avoir une approche multimodale en intégrant dans nos analyses toutes les formes d’expression sémiotique. L’ensemble des articles du numéro caractérise les processus qui soutiennent leur orchestration. Les études gestuelles constituent désormais un domaine dynamique émergent dans lequel les chercheurs adoptent différentes approches théoriques et appliquent une variété de méthodes.
Dans toutes les cultures, dans toutes les situations, dans toutes les populations, dans toute l'histoire de l'humanité et tout au long de la vie, la construction du sens est informée par les ressources sémiotiques disponibles et coordonnées que nous utilisons. Qu'il soit considéré comme une partie ou un partenaire du langage, le geste en particulier, est partagé avec les autres au cours des interactions sociales et constitue donc une ressource sémiotique importante qui ne peut plus être ignorée.
Abstract : This text introduces a special issue of the journal Faits de Langues. Our aim is to demonstrate to the wider community that a multimodal approach in which we integrate all forms of semiotic expression into our analyses is possible. All the articles in this issue characterize the processes that underpin their orchestration. Gesture studies are now an emerging, dynamic field in which researchers adopt different theoretical approaches and apply a variety of methods.
In all cultures, in all situations, in all populations, throughout human history and throughout life, the construction of meaning is informed by the available and coordinated semiotic resources we use. Whether considered a part of or a partner to language, gesture in particular is shared with others in the course of social interactions and therefore constitutes an important semiotic resource that can no longer be ignored.
Introduction
Depuis l’enfance, notre corps en mouvement dans les activités de notre vie quotidienne entre en résonance avec notre environnement lorsque nous interagissons avec les autres par nos actions, nos paroles, nos signes et nos gestes. Notre corps est la base existentielle de la culture et de la perception (Bourdieu, 1977) et c'est par la coordination cinétique et multimodale de nos productions et de nos perceptions que nous devenons des participants pleinement coopératifs au sein de notre propre communauté culturelle (Merleau-Ponty, 1962).
Afin de saisir toute la complexité du langage, de nouvelles approches sont nécessaires pour analyser toutes nos ressources sémiotiques telles qu'elles sont déployées dans leur habitat naturel. Cet habitat implique l'orchestration de corps engagés dans la communication par la parole ou les signes, la prosodie, les expressions faciales, le regard et les gestes.
Historique synthétique
L'intérêt pour les gestes remonte au moins à Cicéron et Quintilien dans l’antiquité, qui ont analysé les gestes en tant que véhicules rhétoriques d'influence (Kendon, 2004). Ils considéraient le geste comme un langage universel. Ce point de vue était partagé par Bonifacio, Montanus et Bulwezr aux 16e et 17e siècles, comme le rapporte Kendon (2004). De Jorio, l'un des chercheurs qui a étudié les gestes au 19e siècle, s'est concentré sur les continuités dans le temps entre les gestes utilisés dans la Grèce antique et ceux utilisés par ses contemporains napolitains. Plus récemment, au 20e siècle, Efron (1941) a ravivé les études gestuelles en comparant les pratiques selon les cultures. L’intérêt pour l’étude du geste traverse les disciplines puisque des auteurs représentant un large éventail de domaines, dont la biologie (Darwin 1877), la philosophie (Witggenstein 1953), la psychologie (Wundt 1912, Kendon 2004, Goldin-Meadow, 2003; McNeill, 1992), l'anthropologie (Jousse 1974, Haviland 1998) et la linguistique (Calbris 1990 ; Cosnier, 1996 ; Colletta, 2000 ; Bouvet & Morel, 2002 ; Mondada, 2008 ; Müller, 2009 ; Cienki, 2012 entre autres) ont contribué à créer un nouveau domaine scientifique passionnant.
A partir de la deuxième moitié du 20e siècle, des chercheurs s’intéressent à la façon dont le corps participe de manière plus ou moins directe à la communication, par les signaux émis par le corps de l’interlocuteur qui permettent au locuteur de décoder des intentions, des émotions et des sentiments que sa parole ne dit pas forcément. C’est ce que l’on appelle la communication non verbale. Elle prend en compte les postures, les mouvements du corps, le regard, les expressions faciales voire même les vêtements et les coiffures. Cependant, comme le note Kendon (2004), alors que l’étude de la communication non verbale prenait son essor au 20e siècle en psychologie et en psychiatrie, le lien direct entre le geste et la parole n’était pas central dans les recherches.
Le débat sur les liens entre les gestes et le langage fut relancé par le titre provocateur de l'article de McNeill de 1985 "So you think gestures are non-verbal ?" L'opinion dominante de l'époque dissociait clairement geste et langage (Ekman & Friesen, 1969), contrairement à l'intégration sans faille suggérée à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle par des auteurs tels que Darwin (1877) et Wundt (1912). La monographie de McNeill (1992) a donné un nouveau souffle aux études sur le geste et les a fait progresser. Grâce à McNeill, le geste est devenu un objet d'étude nécessaire et précieux pour les psychologues et les linguistes. Cet auteur présente la parole et le geste comme un système intégré, composé de deux parties qui expriment deux types de pensée différents et complémentaires.
Ainsi communication non verbale et études gestuelles, sont deux domaines distincts qui, même s’ils s’intéressent tous deux au corps dans la communication, n’abordent pas les phénomènes de la même façon et ne donnent pas la même place à la parole.
Bien qu'il mette l'accent sur l'importance du geste, dans son travail, McNeill considère toujours le geste comme ayant une forme de représentation différente de celle du « langage ». Il décrit les gestes comme étant des créations holistiques et imagées construites par les énonciateurs, et le langage comme des formes conventionnelles qui doivent être apprises. Comme l'explique Müller (2018), cette différence, soutenue par Goldin-Meadow et Brentari (2017), pourrait être une conséquence de leur focalisation sur les gestes utilisés spontanément qui ne sont ni lexicalisés ni conventionnalisés.
Kendon (1980), dont les travaux n'avaient pas encore été largement lus mais avaient influencé McNeill, décrit le geste et la parole comme "deux aspects du processus d'énonciation". Il démontre l'intégration du geste et de la parole en étudiant l'alignement temporel des unités gestuelles et de la parole. Kendon a également étudié les langues des signes dans les communautés aborigènes d'Australie centrale (Kendon, 1988), ce qui a inspiré à McNeill la formulation du "continuum de Kendon" (Kendon, 1988, 2004, p. 104-106 ; McNeill, 1992, chapitre 2). Les phénomènes gestuels sont ordonnés en fonction de leur degré de conventionnalité (entre autres paramètres) :
Gesticulation> Gestes semblables au langage> Pantomime> Emblème> Langue des signes.
Pour Kendon, le geste comprend toute la gamme des formes et des fonctions kinésiques, de la gesticulation (qui fait référence à des formes créées spontanément et encodant le sens de manière holistique) aux emblèmes (gestes culturels aux formes fixes) et aux signes. Ce continuum, dans lequel les emblèmes et les signes sont les plus lexicalisés/linguistiques/symboliques, tient compte de la présence ou de l'absence de discours co-articulé avec les gestes. Cependant, comme l'a montré Müller (2018), le "continuum de Kendon" ne rend pas justice aux opinions fortes de Kendon sur la continuité historique entre les gestes singuliers créés spontanément et les formes manuelles standardisées qui fonctionnent comme des mots (ou des signes). Ces points de vue sont en accord avec Wilcox (2005, 2007), qui a documenté la grammaticalisation des gestes en signes dans les langues des signes américaine, catalane, française et italienne. Il faut toutefois noter qu'il s'agit ici d'un changement dans le temps historique. McNeill, lui, se concentre sur le traitement, le changement au cours d'un moment donné.
Kendon (2004) examine également le traitement et, dans ses analyses, montre comment les gestes sont intégrés dans l'énoncé vocal et utilisés comme des mots en faisant des analyses détaillées des données conversationnelles et de leur "syntaxe mixte" (voir Slama-Cazaku, 1976, qui a inventé ce terme). Ces structures multimodales ont été appelées "intégration grammaticale multimodale" (Fricke, 2013), "signaux composites" (Clark, 1996), "énoncé composite" (Enfield, 2009) ou, lorsqu'il s'agit du langage de l’enfant, "constructions multimodales" (Andrén, 2010 ; Morgenstern, 2014).
Les études gestuelles constituent désormais un domaine dynamique émergeant dans lequel les chercheurs adoptent différentes approches théoriques et appliquent une variété d’approches méthodologiques à l’aune de ce que Kendon (2004:7) appelle "visible action as utterance". Les énoncés peuvent être construits à partir de la parole, du geste ou d'une combinaison des deux. Néanmoins, l'argument initial de McNeill (1992) est toujours valable : le geste et la parole forment un système intégré, mais utilisent des formats de représentation différents pour y parvenir qui vont jusqu’à intégrer les actions co-opératives (Goodwin, 2017), les manipulations d’objets (Morgenstern et al., 2021) ou certains déplacements (Mondada, 2019).
Par ailleurs, dans l’étude des conversations humaines, la prise en compte du geste et des autres éléments multimodaux (regards, postures, mouvements de tête) est essentielle pour comprendre ce qui se joue d’un point de vue interactionnel. En effet, Bavelas et al. (1995) ont montré que certains gestes étaient propres à la situation dialogique, ce qu’ils ont appelé les gestes interactifs. Ces gestes sont en général orientés vers l’interlocuteur et sont utilisés pour faire référence soit à des propos qui ont été émis par un des interactants auparavant soit pour faire référence à du savoir partagé entre les interactants ou encore pour gérer les tours de parole. Ces gestes n’apparaissent que lors de conversations en face à face (Holler, 2010). Certains gestes sont donc produits spécifiquement à l’intention de l’interlocuteur. Tellier et al. (2021) ont ainsi montré que les locuteurs adaptent leur gestuelle en fonction de leurs interlocuteurs (en produisant des gestes plus illustratifs entre autres), notamment lorsque ceux-ci sont des locuteurs non natifs de la langue de l’échange.
Enjeux
Au siècle des Lumières et jusqu'à la fin du 19e siècle en Europe, le geste était considéré comme la racine du langage humain (Condillac, 1746) ou comme un langage universel facilitant la communication entre les cultures (Darwin, 1839). Cet intérêt pour le geste a pris fin lorsque la Société de Linguistique de Paris a été créée en 1866 et a interdit toute étude de l'origine du langage. Parallèlement, malgré le rôle de L'Abbée de l'Epée dans la promotion de l'utilisation des signes pour l'éducation des enfants sourds, en 1880 au Congrès de Milan, les langues des signes sont bannies de l'éducation des enfants sourds au profit des langues orales. Le geste et le signe ont ainsi été " réduits au silence " pendant tout un siècle.
Mais depuis la fin du 20° siècle et en particulier en France, des auteurs ont milité pour l’intérêt des analyses visuo-gestuelles à la fois par des travaux sur l’iconicité de la langue des signes française (Cuxac 2000), ses caractéristiques énonciatives (Risler, 2016), sur son acquisition, sa prosodie et sa poésie (Blondel, 2020), et sur les gestes dans les langues vocales dans diverses situations, que ce soit dans les échanges oraux spontanés entre adultes (Morel, 2005 ; Ferré, 2019), le geste en classe de langue ou « geste pédagogique » (Tellier, 2008), la gestualité des jeunes enfants (Morgenstern, 2014), des enfants plus grands (Colletta, 2022), ou le geste en soutien de l’apprentissage de la grammaire à l’université (Lapaire, 2010).
Si ce domaine s’est affirmé en tant que champ disciplinaire à la fin du 20e siècle, ce n’est pas seulement grâce aux publications mais également grâce à un certain nombre de colloques et de rencontres entre chercheurs du monde entier. Sur le site Web de l’International Society for Gesture Studies (ISGS), Cornelia Muller (http://www.gesturestudies.com/history.php) rappelle l’historique de l’association de gestualistes en montrant, entre autres, le rôle fondamental joué, à la fin des années 1990, par de jeunes chercheurs français à Besançon et à Aix en Provence (Laboratoire Parole et Langage). Organisant deux colloques de très grande envergure (ORAGE en 1998 à Besançon et en 2001 à Aix en Provence), rassemblant des chercheurs du monde entier sur la question du geste, Isabelle Guaïtella et Serge Santi, à la tête du groupe Geste et Voix, ont permis de poser les jalons de ce qui devint par la suite une organisation internationale de gestualistes nommée ISGS et créée à Austin en 2003. Au niveau national, c’est en 2020, qu’une sous-branche « ISGS France » a été créée en France sous l’impulsion de Marion Tellier, Aliyah Morgenstern, Dominique Boutet et Jean-Marc Colletta réunis lors d’une excursion organisée par l’ISGS en Afrique du Sud au Cap de Bonne Espérance. L’ISGS France rassemble plus de 80 personnes à travers une liste de diffusion, un carnet hypothèses (https://isgsfrance.hypotheses.org) et un séminaire régulier en ligne. Après sa création, nous avons eu la douleur de perdre les deux pères fondateurs, Dominique Boutet et Jean-Marc Colletta. Dominique venait de soutenir son HDR qui rassemble tous les éléments de son approche kinésiologique du geste (Boutet, 2018; Boutet & Morgenstern, 2021; Morgenstern et al. 2021). Cette approche basée sur une connaissance intime de la biomécanique du corps humain est centrée sur le rôle structurant du corps dans les gestes. C’est le mouvement et son flux qui pour Boutet sont à mettre au cœur des analyses de la gestualité et non leur représentation statique et majoritairement spatiale. Jean-Marc venait de terminer un chapitre qui présente un immense panorama de ses recherches pionnières sur le développement multimodal du langage de l’enfant. Il y analyse le co-développement du geste et du discours monologique et insiste sur le fait que "le geste contribue à la pleine signification de l'énoncé bimodal, grâce à ses propriétés pragmatiques, indexicales, imaginaires et structurantes” (Colletta 2021, voir aussi Colletta 2004 entre autres). Grâce à la création de l’ISGS France, nous espérons continuer à transmettre et diffuser leurs approches théoriques et leur passion pour la gestuelle humaine.
Les caractéristiques sémiotiques des gestes sont diverses et variables, flexibles, soumises à une série de paramètres et de différences individuelles. Mais il pourrait y avoir des primitives gestuelles kinésiques issues des affordances de nos corps et des corps des autres qui unifient le geste. La matérialité du corps a le potentiel de façonner notre environnement, nos outils, nos objets, les espaces que nous habitons (Leroi-Gourhan, 1993). La structuration de ces artefacts est étroitement liée aux gestes praxiques, et est en continuité avec les gestes symboliques (Boutet et Morgenstern, 2020).
Le geste, la parole et le signe peuvent donc être considérés comme des systèmes sémiotiques qui s'intègrent dans le langage au sens large, à des degrés divers selon le "dynamic scope of relevant behaviors" (Cienki, 2012). La situation, la population, la culture, l'âge, les possibilités de l'environnement et le type de contexte de communication peuvent tous affecter ce qui est considéré comme un geste.
Dans toutes les cultures, dans toutes les situations, dans toutes les populations, dans toute l'histoire de l'humanité et tout au long de la vie, la construction du sens est informée par les ressources sémiotiques disponibles et coordonnées que nous utilisons. Qu'il soit considéré comme une partie ou un partenaire du langage, le geste est partagé avec les autres au cours des interactions sociales et constitue donc une ressource sémiotique importante qui ne peut plus être ignorée.
Présentation du numéro
L’objectif de ce numéro spécial est de montrer à l’ensemble de la communauté intéressée par les Faits de langues que l’on peut en avoir une approche multimodale en intégrant dans nos analyses toutes les formes d’expression sémiotique, en montrant leurs spécificités et les processus qui soutiennent leur orchestration. Ce numéro livre un instantané de la recherche actuelle dans le domaine des études gestuelles en France. Il n’est bien entendu pas exhaustif mais il présente différentes études ancrées dans des champs thématiques variés (analyse des interactions, acquisition du langage, didactique des langues, étude de la langue des signes, etc.).
Les langues concernées par ce numéro sont donc le français, la langue des signes française et l’anglais, étudiées en tant que langue première chez l’adulte mais aussi lors de leur acquisition par l’enfant et leur apprentissage comme langue seconde ou étrangère.
Nous avons regroupé les contributions selon les différentes thématiques. Premièrement, les discours multimodaux avec un accent sur les gestes discursifs (Gaëlle Ferré), le rôle du regard (Loulou Kosmala) et les marques multimodales d’itération (Manon Lelandais). Ensuite, l’entrée multimodale dans le langage est abordée d’un point de vue développemental (Aliyah Morgenstern) et dans les interactions polyadiques (Stéphanie Caët). Les travaux de cette section intègrent le rôle des experts dans le développement langagier qui est ensuite approfondi dans la section suivante portant sur le rôle de la gestualité dans l’étayage langagier, d’abord en crèche (Brahim Azaoui) puis dans les interactions didactiques en langue étrangère (Ben Holt). Le numéro se termine par une section dédiée a la comparaison entre la langue des signes et le français. Tout d'abord, avec un focus sur les traits articulatoires (Claudia Bianchini et Fanny Catteau) puis sur les processus de focalisation multimodaux (Karine Martel, Christelle Dodane, Marion Blondel, Fanny Catteau et Corrado Bellifemine).
Une des caractéristiques de ce numéro est également la richesse et la diversité des corpus que les études présentées ici analysent : corpus écologiques ou corpus semi-contrôlés orientés tâche. Les activités langagières sont également très diverses : interactions à enjeu didactique, interactions familiales, échange d’informations en interaction, conférence et journaux télévisés.
Si tous les articles cherchent à analyser des faits de langue spécifiques, chaque article s’appuie sur des cadres théoriques et méthodologiques distincts en mettant en avant des approches multimodales qui articulent au moins deux niveaux linguistiques (prosodie et gestuelle, syntaxe et gestuelle, regard et interaction, etc.).
Ce recueil d’articles a pour objectif de démontrer clairement que le geste ne doit plus être invisibilisé dans la recherche basée sur corpus oraux et multimodaux. On ne peut pas pleinement saisir les enjeux linguistiques d’un corpus si on n’analyse pas toutes ses dimensions de concert.
Bibliographie
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