n°28 : Coordination et subordination : typologie et modélisation

 

Présentation générale

par Isabelle Bril
Lacito-Cnrs (et Universités de Paris iii et Paris iv)
Courriel : Isabelle.Bril@vjf.cnrs.fr
et
Georges Rebuschi
Université de Paris iii-Sorbonne Nouvelle & Lacito
Courriel : rebuschi@idf.ext. jussieu.fr

 

1. Introduction

Si les adjectifs se sont distingués comme représentant une classe de mots ou partie du discours à part entière, distincte des noms (d'une part "substantifs", d'autre part "adjectivaux") hérités de la tradition gréco-latine dès le Moyen-âge, les conjonctions, elles, ont été conservées plus longtemps comme une classe de mots à deux sous-catégories, les conjonctions de coordination, d'une part, et les conjonctions de subordination, d'autre part.

Cependant, dès la première moitié du 20ème siècle, la pratique concrète des grammairiens et linguistes soucieux de notation explicite, voire (un peu plus tard) de formalisation, a généralement consisté à traiter ces deux types de conjonctions comme des éléments radicalement distincts.

Par exemple, Jespersen (1937, cité ici d'après la traduction française de 1969) ne dit, sauf erreur involontaire de notre part, strictement rien de la coordination propositionnelle, mais introduit deux symboles distincts pour, d'une part, la coordination de syntagmes (par ex. nominaux) : "&", et, d'autre part, la subordination qui fait d'une proposition soit le complément typique d'un mot, soit un circonstant; c'est ce que note l'exposant ou superscrit "c", comme dans la formule (1b) qui correspond à (1a) :

(1)        a.          Il ne viendra pas s'il est malade.

b.          S Vn 3(3c S V P)                                     (Jespersen 1969, §24.1, p. 133)

et où S représente le sujet, Vn un verbe négatif, 3 un élément de rang 3, c'est-à-dire un élément adverbial modifiant un verbe (ou un adjectif…), la suite entre parenthèses, (3c S V P), notant la structure interne de ce modificateur de prédicat : si est par lui-même un élément de rang 3 subordonnant, qui est suivi d'une structure propositionnelle.

Chez Tesnière (1959) — mais l'auteur est décédé en 1954 — coordination et subordination n'entretiennent aucun rapport; la coordination fait littéralement l'objet (comme chez Chomsky, 1957 !) d'une opération d'addition de deux propositions distinctes qui partagent le même prédicat (op. cit., p. 325), si bien que la conjonction est ici appelée "jonctif"; quant à la subordination, elle est traitée comme résultat d'une opération de "translation", la conjonction étant elle-même étiquetée comme "translatif du second degré" servant à transformer une proposition en actant, typiquement en second actant, d'où la remarque de l'auteur contre la grammaire scolaire à laquelle il reproche de ne pas "met[tre] en lumière" ce que les deux dernières relations "ont d'irréductiblement opposé".

Troisième exemple : le travail fondateur de Bar-Hillel (1953, cité ici d'après la traduction française de 1958) en grammaire catégorielle revient à faire d'une conjonction de coordination un élément de type a (où a est une variable sur les primitives s et n, ou encore sur tous les éléments complexes constructibles à partir de ces deux primitives), qui, se combinant avec un autre élément du même type, permet de construire un troisième élément de type a, soit, dans sa notation, a/(a)[1], alors que les conjonctions de coordination appellent typiquement un élément de type s sur leur droite pour donner (l'équivalent d)'un nominal : n/[s]. (Pour des propositions plus récentes dans ce courant, voir l'article de Biskri et Desclès, ce vol.)

Le structuralisme ou distributionnalisme américain, tel qu'il est représenté par exemple par Hockett (1958), distingue de son côté quatre types radicalement distincts de mise en relations d'éléments : la modification, notée ">" ou "<" (selon le rapport linéaire du modificateur et du modifié), le rapport topique / commentaire, noté "Є" ou "Э" (selon la même contrainte), la coordination, représentée par "+", et la rection, uniquement représentée par "→", mais qui devrait aussi admettre (pour les langues à postpositions et pour celles dans lesquelles les verbes prennent leur complément sur leur gauche), "←". Ce sont ces deux derniers cas qui nous intéressent ici, et il est clair, à nouveau, qu'il n'y a rien de commun entre elles.

Plus récemment, coordination et subordination ont encore été définies en opposition mutuelle, la coordination étant considérée comme un type de liaison entre des entités fonctionnellement équivalentes chez certains fonctionnalistes, la subordination comme un type de liaison clairement hiérarchisé :

 

"A coordination is a construction consisting of two members or more members which are functionally equivalent, bound together at the same level of structure by means of a linking device." (Dik, 1997, vol. 2 : 189).

 

Dernier exemple : en grammaire générative, le terme de conjonction semble se limiter à la coordination, les subordonnants étant appelés "complémenteurs", et fort peu d'auteurs ont remis en cause cette distinction (voir cependant Ryan, 1983 parmi quelques autres).

De toute évidence, si l'on ne restreint pas la coordination à sa variante la plus usuelle, copulative ou additive, il est clair que l'on peut établir des tests fondés sur la permutabilité ou non-permutabilité des propositions, comme dans les exemples suivants :

(2)        a.          Nous ne sommes pas sortis, parce qu'il pleuvait.

b.         Parce qu'il pleuvait, nous ne sommes pas sortis.

 

(3)        a.          Nous ne sommes pas sortis, car il pleuvait.

b.         *Car il pleuvait, nous ne sommes pas sortis.

D'autres tests syntaxiques distinctifs de la coordination et de la subordination sont fréquemment mis en œuvre (voir les diverses contributions de ce volume), parmi lesquels les suivants sont typiques de la subordination :

a.        l'imbrication (seulement possible dans les subordonnées);

b.       la permutabilité des propositions;

c.        la présence possible d'une cataphore pronominale, coréférente avec un nom dans la proposition suivante;

d.       la focalisation et la restriction;

e.        la possibilité d'extraction (très restreinte dans les coordonnées, contrairement aux subordonnées; Ross, 1967).

Dans ce qui suit, nous allons présenter ce qui nous semble être l'essentiel des problématiques soulevées, d'une part, par la coordination en tant que telle, et, d'autre part, par la découverte plus ou moins récente de constructions qui remettent en cause la distinction radicale qui semblait acquise dans les années 50 et 60 du siècle passé — cf. en particulier (on y reviendra), ce qu'il est souvent convenu d'appeler aujourd'hui la cosubordination, illustrée par des phrases telles que (4a) — ou son équivalent français (4b) — que Culicover et Jackendoff (1999) ont baptisées "corrélatives comparatives", structures complexes qui manifestent une propriété intéressante, à savoir, qu'aucune des propositions composantes ne peut fonctionner comme phrase autonome, alors même qu'aucune n'est enchâssée dans l'autre :

(4)        a.          The longer he has to wait, the angrier John gets.

b.         Plus il doit attendre longtemps, plus Jean devient furieux.

2. Les problèmes de la coordination

2.1. Quelques points de terminologie

D'un point de vue méthodologique, il convient tout d'abord de distinguer la "coordination" comme structure syntaxique, le type de jonction décrivant la liaison par "et", et les morphèmes coordonnants eux-mêmes, car les glissements terminologiques sont fréquents. Benzitoun (ce vol.) pointe la circularité de l'argumentation qui consiste à identifier la construction par la catégorie du joncteur et insiste sur la nécessité de distinguer ces deux plans.

Une autre dimension des glissements entre classes de mots souvent dites "mineures", et corrélativement, entre façon d'associer divers éléments, dont au moins une proposition, est abordée, dans une large perspective typologique, dans la contribution de Rose à ce volume, où sont analysés les rapports entre adpositions (pré- ou post-positions) d'une part, et subordonnants ou complémenteurs, de l'autre.

La définition de la coordination de Dik citée supra s'en tient à deux points : (i) même niveau structurel et (ii) équivalence fonctionnelle. Le premier point la distingue de la subordination, le deuxième restreint l'équivalence à la fonction, car il est bien connu que les membres de la coordination peuvent être asymétriques du point de vue catégoriel (c'est un spécialiste de renom, mais inabordable) ou morpho-syntaxique.

Dans une approche plus formelle, et en réponse aux problèmes posés par l'existence de tels termes asymétriques (par leur catégorie ou leurs traits morphosyntaxiques) au sein d'une coordination, Gazdar et al. (1985) et Sag et al. (1985), Sag (2005) proposent une définition de la coordination en terme de paires de valeurs de traits (feature-value pairs), et une architecture selon laquelle il suffit que les traits de la construction coordonnée constituent l'intersection des traits manifestés par les termes conjoints, sans requérir d'identité intégrale.

Seront abordées tour à tour les asymétries entre constituants, puis entre propositions.

2.2. Quelques cas d'asymétrie entre constituants

Nombreux sont les auteurs à avoir souligné les asymétries observées dans la coordination de constituants nominaux, et qui se manifestent par exemple par des marques casuelles différentes, ou par des phénomènes d'accord en genre ou en nombre (Johannessen, 1998; Corbett, 2003; Sag, 2005). Ainsi, dans la coordination comitative des langues slaves, le deuxième terme coordonné est à l'instrumental (marqué par s "avec" en tchèque), mais forme toutefois un constituant coordonné induisant l'accord en nombre (Skrabalova, 2004). Contrairement au tchèque où le cas est assigné par s, en groenlandais (5), où se manifeste aussi une asymétrie casuelle entre les constituants coordonnés avec accord en nombre, le cas différent n'est pas assigné par le coordonnant qui constitue la tête du syntagme coordonné, mais est un cas par défaut qui marque le deuxième terme de l’expression coordonnée. Il en va de même en tamoul (6).

groenlandais occidental

(5) Hansi-p            nulia-ni-lu inuulluaqqu-aatit.

Hans-erg.sg   wife-abs.sg-and greet-ind.3pl.2sg[2]

"Hansx and hisx wife say hello to you." (in Yuasa & Sadock, 2002 : 103-5 sq.)

tamoul

(6) [vii†u              too††aN          kutiraikaªaiyum]      ko†uttaaN.

house.nom garden.nom horses.acc.coord    he gave

"He gave a house, a garden and some horses." (in Johannessen, 1998 : 104)

Johannessen (1998 : 121) et Sag (2005) montrent que ces asymétries casuelles obéissent à une hiérarchie des cas associables (Erg./Abs./Nom./Acc./Dat.) et que le cas différent est un cas par défaut, syncrétique ou non-marqué.

Ces divers exemples indiquent qu'il convient de distinguer les situations où l'asymétrie casuelle des termes conjoints est régie par la tête conjonctive, qui assigne un cas différent (comme s en tchèque), et les situations, comme en groenlandais ou en tamoul, où le cas différent est un cas par défaut porté par le deuxième terme de l’expression coordonnée (le ‘complément’ de la tête conjonctive dans l’approche générativiste).

D'autre part, la question de l'accord est épineuse : est-ce un phénomène interne ou extérieur à la coordination ? Corbett (2003 : 291) montre que dans diverses langues, comme le russe, l'accord ne se fait pas toujours avec la totalité des termes conjoints, mais obéit à des paramètres tels que la proximité, l'accord se faisant alors avec le constituant le plus proche du verbe.

En cas de coordination non-comitative, ou standard, en polonais (comme en tchèque, cf. Skrabalova, op. cit.), l'accord du syntagme coordonné sujet varie selon qu'il suit ou précède le verbe fléchi : lorsqu'il suit le verbe, l'accord se fait soit avec l'ensemble (5a), soit avec le premier des membres de la coordination (7b). Lorsqu'il précède le verbe, l'accord se fait obligatoirement avec le syntagme coordonné entier (7c) :

Polonais (in Borsley, 2005 : 39)

(7)  a.    Do    pokoju  weszli               [jeden   facet            i     dwaj     chłopcyl].

dans  pièce    entrèrent.mpl   un         homme       et   deux     garçons

 

b.   Do    pokoju  wszedł              [jeden      facet        i     dwaj     chłopcyl].

dans  pièce    entrèrent.ms     un            homme    et   deux     garçons

 

c.    [Jeden  facet        i     dwaj     chłopcyl]    weszli                do     pokoju.

un         homme    et   deux     garçons       entrèrent.mpl   dans  pièce

"Un homme et deux garçons entrèrent dans la pièce."

Ces nombreux cas d'asymétrie ont conduit divers courants théoriques à formuler l'idée que l'architectonique interne de la coordination avec et est également asymétrique (Sag et al., 1985; Johannessen, 1998) : le coordonnant est la tête du deuxième terme de la coordination, qui est son complément (voir aussi Munn, 1993). Cette asymétrie structurelle permet de rendre compte de certaines asymétries formelles entre les termes conjoints. L'approche logicienne, qui analyse ces morphèmes comme des prédicats à deux arguments propositionnels [et (p, q)], [p et alors q] considère aussi le joncteur comme une tête syntaxique.

Les constructions inclusives attestées dans de nombreuses langues, parmi lesquelles les langues océaniennes (Bril, 2002, 2004) montrent un autre type d'asymétrie : le premier terme est un pronom dont la référence inclut l'autre terme de la construction, ainsi qu'un pronom non exprimé (ex. nous2 mon père pour "mon père et moi"). En nêlêmwa (Nouvelle-Calédonie), ces constructions obéissent à une contrainte syntaxique, l'impossibilité de conjoindre des pronoms ou des noms et pronoms (ainsi, au lieu de l'impossible *elle et moi, on trouve nous-2 "et" toi; et au lieu de *son père et lui, eux-2 "et" son père). Ainsi, en (8a), le pronom englobant (hli) est la tête (au moins sémantique) de la construction, tandis que l'autre terme en spécifie un sous-ensemble : le coordonnant ma inclut le deuxième terme dans la référence du premier, il ne l'ajoute pas; il en va de même en (8b), construction inclusive avec ma, qui s'oppose à la coordination additive avec xa (8c) :

nêlêmwa

(8)  a     [hli    ma aax-iik     kaari-n].

3du   coord  clf-un     soeur-poss.3sg

"elle et sa soeur" (lit. "ellesduel incluant sa soeur")                         (Bril, 2002)

 

b.   Yaman        ma axaleny.

1du.excl   coord     celui-ci

"cet homme et moi"                   [inclusion] (ibid.)

 

c.    Yaman           xa axaleny.

"nous.deux    et   cet.homme"   [addition] (ibid.)

2.3. Asymétries entre propositions

Au niveau propositionnel, l'asymétrie entre propositions en apparence coordonnées a souvent été évoquée. Ainsi, Culicover & Jackendoff (1997 : 206) et Yuasa & Sadock (2002) analysent des propositions telles que you say another word and I leave en terme de discordance entre le niveau syntaxique (coordination) et le niveau conceptuel-sémantique (équivalent d'une conditionnelle). De même, toute asymétrie de mode dans les propositions crée une dépendance logique, comme dans (9a), qui ne relève plus strictement de la coordination, ce qui est encore plus évident dans le cas d'énoncés tels que (9b), où le premier élément conjoint ne peut être analysé comme une proposition qu'en restituant des mots absents (Tu fais…) pour lesquels l'ellipse stricto sensu (i.e. ne représentant pas un phénomène de non-répétition de termes déjà prononcés) est exclue.

(9)        a.          qu'il paye et on verra (ensuite).

b.         Un pas de plus et tu es mort.

En fait, nous sommes passés insensiblement d'une question qui concerne la classification des mots en parties du discours spécifiques à une question de classification des mises en relation, qui est évidemment plus fondamentale (la caractérisation des propriétés distinctes des diverses conjonctions traditionnelles, par exemple sous forme de traits, devant évidemment inclure le type de relation permis ou induit) : elle permet en particulier d'aborder le cas illustré par (4) supra, et d'autres structures plus ou moins similaires, et donc plus ou moins différentes aussi.

3. Co-subordination et joncteurs (linkers)

3.1. Vers une typologie des jonctions (linkage)

Il faut reconnaître que ce sont les fonctionnalistes anglo-saxons qui ont, de ce point de vue, fait le mieux avancer les choses. Ainsi, nous reprenons de Rebuschi (2001) la description suivante de Foley & van Valin (1984) qui distingue, dans une structure stratifiée de la phrase, entre un nucleus (le "prédicat" ou verbe), un noyau ou core (les arguments de ce prédicat), et enfin la périphérie (les éléments adjoints — au sens de la GGT — ou adverbiaux, pour proposer ensuite une opération de jonction (juncture) qui permet de (co‑)joindre deux éléments d'une strate quelconque; troisièmement, ils distinguent trois types de nexus qui représentent "the syntactic linkage between two clauses" (op. cit., p. 238), mise en relation qui résulte nécessairement de toute jonction. En d'autres termes, on peut associer ou "co-joindre" des éléments qui relèvent de la même strate, quelle qu'elle soit, mais chacune de ces (co‑)jonctions aura obligatoirement comme correspondant, au niveau propositionnel, ce qu'ils appellent un nexus ou linkage, d'où le tableau suivant :

(10)      Typologie des nexus (ou linkage) selon Foley & van Valin (1984, p. 242)

a.          coordination :         [– embedded,          – dependent]

b.          subordination :       [+ embedded,          + dependent]

c.          cosubordination :    [– embedded,          + dependent]

La notion de cosubordination est un incontestable progrès, dans la mesure où elle permet de rendre compte de phrases telles que (4a, b) citées supra.

S'il est intéressant de noter que ce qui est par ailleurs une banale conjonction de coordination peut, dans certains cas, apparaître en français, cf. (11), alors que ce n'est pas le cas en anglais :

(11)      Plus Jean/il boit, (et) plus il dit de bêtises.

il faut noter deux points particuliers. D'une part, et n'est possible, comme dans (11), que si l'antécédent du pronom précède ce dernier, c'est-à-dire qu'il figure dans la protase; ainsi, (12a) ne semble pas acceptable, au contraire de (12b) :

(12)      a.          Plus il doit attendre longtemps, (*et) plus Jean devient furieux.

b.         Plus Jean doit attendre longtemps, (et) plus il devient furieux.

Mais il y a plus. En effet, s'il est vrai qu'aucune des propositions de (13) ne saurait constituer une phrase autonome non elliptique :

(13)      a.          *Plus il devient furieux.

b.         *Plus il dit de bêtises.

il existe un autre type de constructions corrélatives, plus asymétrique encore, en ce sens que si la protase y est optionnelle, elle ne peut pas apparaître seule, alors que l'apodose, au contraire, est un énoncé autonome parfaitement bien construit. C'est le cas des phrases complexes à relatives corrélatives, comme (14) ci-dessous :

(14)      Basque navarro-labourdin                                             (Léon, 1946 : Luc 14,33)

Zuetarik        nork        ere    ez      baitu           bere         guzieri.

vous-pl-abl qui-erg   ere neg   bait-aux     poss3sg  tous-dat

 

ukho           egiten, ezin ditake                hura        ene          dizipulu   izan.

reniement   faisant neg-pouvoir.aux    celui-là    poss1sg  disciple   être

 

Lit. "Parmi vous, qui ne peut renoncer à tous ses [biens], celui-là ne peut pas être mon disciple."

"Sic ergo omnis ex vobis, qui non renuntiat omnibus, quae possidet, non potest meus esse discipulus." (Vulgate)

Soulignons-le : la seconde proposition de cet exemple, celle qui commence avec ezin ditake "il ne peut pas être", est une expression syntaxiquement, mais aussi sémantiquement, bien formée à elle seule ("sémantiquement" bien formée, parce que l'appel au co-texte ou au contexte pour identifier le référent éventuel du démonstratif — ici résomptif ou corrélatif — n'est pas spécifique à ce genre de construction); en d'autres termes, la seconde proposition de (14), ne dépend aucunement de la première, qui, elle, contient par contre une marque explicite de subordination, le préfixe ou proclitique bait-[3].

On peut donc avancer que dans de tels cas, la notion de co-subordination stricto sensu est insuffisante, parce qu'elle ne permet pas de distinguer entre les structures de type (4a, b) ou (11), d'un côté, et celles du type de (14) de l'autre. En effet, le problème de l'étiquette "cosubordination" est que son préfixe implique une manière de parallélisme ou de symétrie que les premiers exemples illustrent bien, mais que des constructions comme (14) prennent en défaut, car l'association de la proposition dépendante, qui est non-enchâssée, et de l'indépendante qui la suit, est asymétrique (cette remarque s'adresse aussi au tableau de van Valin & LaPolla (1997 : 454)).

3.2. De la cosubordination à la co-jonction

Il est essentiel de noter par ailleurs que l'apodose de telles structures en basque (mais aussi dans d'autres langues) peut être introduite par ce qui est par ailleurs une banale conjonction de coordination, eta "et" cf. (15) :

(15)      Basque navarro-abourdin                                              (Léon, 1946 : Jean, 8,12)

Nor   ere    jarraikitzen    baitzait,   eta hura        ez      dabil     ilhunbetan…

qui    ere suivant           bait-aux  et   celui-là    neg   marche ombres-dans

Lit. "Qui me suit, celui-là ne marche pas dans la pénombre."

"Qui sequitur me, non ambulabit in tenebris…"                                    (Vulgate)

"Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres."      (Trad. Segond, 1910)

Dans de tels cas, la présence de eta, qui est, à l'oral, effectivement précédé d'une pause continuative (marquée par la virgule dans le texte), exige en fait la présence d'une protase corrélative. A partir de tels faits, se pose la double question de savoir ce qu'il faut faire de cet élément eta (et donc définir ses propriétés combinatoires), mais aussi celle de savoir quelle position structurale il occupe (que ce soit dans une approche de stemmas de dépendance, ou dans une structure de constituants).

En tout état de cause, la récurrence avec laquelle de telles "conjonctions de coordination" apparaissent dans ce type de contexte (cf. Rebuschi, 2001 pour des exemples de phrases à relatives corrélatives dans diverses langues indo-européennes et en basque avec eta), voire dans d'autres phrases complexes, par exemple entre une circonstancielle de temps ou une conditionnante et la proposition principale en ancien français, cf. (16a, b), repris de Rebuschi (2002), ou, à nouveau entre une subordonnée conditionnante et la principale conditionnée en swahili, (17), posent des questions que la dichotomie fondamentale admise par les divers linguistes cités au §1 ne peut aider à résoudre.

(16)      Ancien français

a. S'en volt ostages, e vos l'en enveiez / U dis u vint                 (Adam de la Halle,

"S'il veut des otages, alors envoyez-lui en dix ou vingt."         Roi de Sicile, 260)

 

b.  Quant furent assanlé, et li pape souspire.            (Roland, v. 40)

"Quand ils furent assemblés, le pape soupire."

(17)      Swahili       (The Holy Bible in Kiswahili, Nairobi, 1952: Mt 16, 24)

Mtu         ye yote     a.ki.taka kunifuata,   na ajikane       mwenyewe

homme    tout         s'il-veut   me-suivre   et qu'il-renie   lui-même

"Si qui que ce soit veut me suivre, qu'il renonce à lui-même."

Dans de tels cas, le joncteur "et" s'apparente davantage à un connecteur du type "et alors", fondé sur une relation d'implication, plutôt qu'à un strict coordonnant — et l'on sait par ailleurs que les pseudo-coordonnées (cf. (9) plus haut) sont soumises à des contraintes aspectuo-temporelles et modales bien plus restrictives que celles qui apparaissent dans de vraies coordonnées.

Cela dit, il n'est sans doute pas utile de conserver la conclusion de Rebuschi (2002), qui revenait à rétablir la distinction traditionnelle entre propositions (simples) et phrases (complexes), car l'on peut montrer que dans de nombreux cas, le joncteur sert en fait à relier une proposition considérée comme topicale, la protase, à une apodose soit entièrement rhématique, soit contenant au moins un élément rhématique (se rappeler ce qui a été dit de Hockett plus haut) — ce qui, soit dit en passant, s'intègre très bien dans la typologie de la périphérie gauche des phrases esquissée dans Rizzi (1997) : l'ancien français e(t), le basque eta et le swahili na, semblent pouvoir manifester explicitement une "tête fonctionnelle" de Topique (qui peut en précéder ou en suivre une autre), dont la proposition non-indépendante, et pourtant non-enchâssée, est le spécificateur (cf. par ex. Rebuschi, 2003; Rebuschi & Lipták, sous presse, pour une argumentation qui, indépendamment, rejette toute analyse de la présence de la subordonnée à gauche comme résultat d'un mouvement à partir d'une position enchâssée dans la principale).

En tout état de cause, le rapport entre ce type de connecteur et les conjonctions de coordination devient visible : il y a bien association ou "co-jonction" de deux propositions, mais il ne s'agit pas de coordination pour autant, puisque leur structures internes sont asymétriques, et que l'interprétation de cette association n'est ni la coordination logique de deux contenus propositionnels assertés, et induit encore moins nécessairement (même si elle peut le faire pragmatiquement) une succession temporelle entre deux procès.

Diverses contributions de ce volume analysent les liens entre corrélation et subordination : Cortès pour l'allemand; Mouret à propos des corrélatives en ni...ni; Abeillé & Borsley à propos des corrélatives comparatives en anglais et en français; Combettes décrit l'évolution de corrélatives comparatives en locutions conjonctives telles que après que.

Par ailleurs, le texte de Brito montre que les relatives non restrictives en portugais sont des subordonnées dont le statut n'est pas incompatible avec la nature d'apposition parenthétique qui les caractérise, ce qui s'explique si leur adjonction au dp (syntagme déterminant) se fait par une insertion tardive dans la dérivation.

4. Co-jonction, sous-spécification et polyfonctionnalité

Si l'on accepte que la coordination avec et est asymétrique, alors la polyfonctionnalité de certaines conjonctions qui introduisent des coordonnées et des subordonnées (consécutives, finales ou complétives), apparaît dans une perspective autre qu'homonymique. C'est le cas de ke en persan, de kai en grec moderne, de me ou xe en nêlêmwa (voir aussi la fonction connective de jiu "alors" en chinois, cf. Lu, ce vol.). En grec moderne, kai marque la complémentation de verbes perceptifs (18) ou causatifs (lit. you made me kai I believed you "you made me believe you").

(18) Vlepo       kai hamojelas.

1sg.see    and    2sg.smile

"I see that (I see and …) you smile."                      (in Johannessen 1998 : 241)

De même xe en nêlêmwa (Bril, 2002) est un ancien coordonnant séquentiel "et (alors)" qui a subi diverses spécialisations fonctionnelles divergentes, marquant maintenant d'autres types de hiérarchie telles que la démarcation entre thème et rhème, certaines relatives et la complémentation de verbes perceptifs ou cognitifs (19).

(19) Na     axe    xe na      hmwiin.

1sg   voir   comp    1sg    dériver

"Je vois que je dérive." [anciennement : "je vois et je dérive"]           (Bril, 2002)

L'implication, marquée par des connecteurs de type "et alors" est asymétrique et, de ce fait, à la frontière entre coordination et subordination. Ces relations d'implication se rencontrent dans des relations temporelles, conditionnelles ou consécutives, dans lesquelles la protase peut être réduite : ((quand) p, alors q) > encore une bière et je pars; ((si) p, alors q) ou ((étant donné) p, alors q) > encore un mot et tu sors; tu parles et je te punis ! Ce type de relation est parfois exprimé par des connecteurs disjonctifs (tu te tais ou tu sors !). Les conjonctions et, ou et des connecteurs comme alors font alors fonction de joncteurs consécutifs et corrélatifs, à la charnière entre protase et apodose; c'est le cas de na "et, mais" et de xe en nêlêmwa (Bril, 2002), de na "et" en swahili (voir (17) supra).

Rotaetxe (ce vol.) montre ainsi l'évolution du coordonnant eta "et" en basque en un subordonnant causal eta associé à un changement de position et de propriétés prosodiques. Les divers tests appliqués au subordonnant eta montrent qu'il a des propriétés hybrides, qui le distinguent des autres subordonnants de cette langue. C'est un exemple de l'évolution fréquente d'un connecteur séquentiel (et, puis) en un connecteur causal (puis que > puisque) qui possède certaines propriétés des subordonnants, mais pas toutes.

De même en français, les subordonnées causales en puisque ont des propriétés typiques des subordonnées circonstancielles, telles que la permutabilité, mais elles ne peuvent être focalisées (*c'est puisque tu n'as pas fini que tu ne sors pas); Matos (ce vol.) présente ces mêmes analyses pour le portugais. Il en va de même pour les concessives du français (au moins) comme le montre Debaisieux (ce vol.) : *c'est bien que tu aies menti que tu peux sortir.

La fréquence de ces joncteurs polyfonctionnels, dans des langues de diverses familles, pour exprimer des relations ordonnées temporellement (séquentielles) et/ou logiquement (relation consécutive, causale, finale, etc.) indique qu'il s'agit de domaines logico-sémantiques et cognitifs connexes (Mithun, 1988 : 354 sq.).

De têtes de constructions asymétriquement coordonnées, ces joncteurs en viennent à marquer la subordination, à moins qu'il ne s'agisse, comme dans de nombreuses langues océaniennes, de joncteurs dont la sous-spécification sémantique favorise la fonction de joncteur à valeur "générique".

Ainsi, en nêlêmwa, la conjonction me "et" construit aussi les subordonnées de but et la complémentation des prédicats comportant une visée. Le contexte et des tests syntaxiques tels que la portée de la négation permettent de distinguer ces fonctions.

(20) Hma tabö         kot    me~ma kââlek        o    na     â        Pum.

très       tomber    pluie comp       impossible  irr 1sg   aller   Poum

"Il a tellement plu que je ne peux aller à Poum." (il a trop plu et je ne peux aller à Poum)              (Bril, 2002)

 

(21) Kia [yeewan   [me i        horêân]].

il.n'y.a.pas     temps      comp    3sg   souffler

"Il n'a pas le temps de se reposer."                                                    (Bril, 2002)

Plusieurs contributions de ce volume soulignent la polyfonctionnalité des joncteurs : Bertocchi, Maraldi et Orlandini le font à propos du si latin et de ses composés; Hadermann, Pierrard et Van Raemdonck montrent que les marqueurs ainsi (que), comme, de même (que), tel (que), aussi bien (que) peuvent avoir des emplois coordonnants, corrélatifs ou subordonnants, et Debaisieux analyse des faits analogues à propos de bien que, quoique et puisque.

 

On voit ainsi comment la cosubordination s'inscrit dans ce gradient de constructions asymétriques, intermédiaires entre coordination et subordination, sans enchâssement. Ces constructions apparaissent essentiellement sous la forme de chaînes de propositions dans diverses familles de langues (papoues, africaines), mais aussi en turc (avec -ip), en coréen (avec -ko), en japonais (avec –te, Klingler), en hindi (avec –kar, Montaut).

Ces chaînes de propositions indiquent une suite d'actions ou d'événements et expriment des relations sémantiques très diverses, qui pourraient s'apparenter à de la coordination, mais leurs propriétés morphosyntaxiques et certains tests les rangent du côté de la subordination (Klingler et Montaut à nouveau). En effet, tous les verbes sauf le verbe principal (souvent final) ont une forme verbale dépendante et non-finie, ou un mode différent de celui du verbe principal qui porte les morphèmes caractéristiques d'une proposition finie (personne, temps, aspect, mode, polarité, marque ergative, morphèmes de politesse, etc.). Les verbes dépendants et non tensés sont sous la dépendance et sous la portée des opérateurs portés par le verbe final (van Valin & LaPolla, 1997 : 449-455). Ces constructions sont par ailleurs différentes de propositions coordonnées.

En amele (langue papoue), des propositions comportant des marques aspecto-temporelles, modales ou de polarité (affirmative/négative) différentes ne peuvent être cosubordonnées (*20b); elles ne peuvent être que coordonnées, souvent par un marqueur disjonctif (20c) car les morphèmes tam n'ont qu'une portée locale dans les coordonnées (20c), limitée à la proposition qu'ils régissent, contrairement à ce qui se passe dans les chaînes de propositions cosubordonnées (20a). On oppose ainsi (20b) qui est agrammatical à (20c) (–ce– en (a, b) indique un sujet/pivot différent).

(20)      amele (langue papoue, Roberts, 1988, in van Valin & LaPolla, 1997 : 450)

a. Ho    busale-ce-b             dana     age       qo-ig-a..

pig     run.out-DfP-3sg             man         3pl          kill-3pl-past

"The pig ran out and the men killed it." [DfP = pivot différent]

b. *Ho      busale-ce-b-a                dana     age    qo-qag-an.

pig        run.out-DfP-3sg-past man         3pl          kill-3pl-fut

"The pig ran out and the men will kill it." (ibid. : 451)

c        Ho    busale-i-a               qa dana  age       qo-ig-a              fo ?

pig    run.out-3sg-past   but      man        3pl          kill-3pl-past          Q ?

"The pig ran out but did the men kill it ?" (ibid. : 452)

En outre, d'autres propriétés distinguent les chaînes de propositions cosubordonnées des subordonnées circonstancielles en amele et les rapprochent des propositions coordonnées. Contrairement aux subordonnées, les propositions coordonnées et les chaînes de propositions cosubordonnées ont une position fixe, avant la principale qui porte les marques tam. Enfin, la cataphore pronominale, qui indexe un argument de la proposition principale qui la suit, n'est possible que dans les subordonnées circonstancielles, et est impossible dans les propositions coordonnées et dans les chaînes de propositions. Voir à cet égard le changement de statut induit par la présence de et en français dans les exemples (12a, b) : si il de (12a) doit coréférer au nom propre Jean qui le suit, et est impossible, alors que l'ordre inverse (où l'antécédent précède le pronom) n'est pas affecté par la présence de ce joncteur.

4. De la prosodie

L'analyse intonative permet-elle de déterminer le type de dépendance entre propositions en relation asyndétique, telles que Je suis venue sur Toulouse j'avais environ deux ans, ou Ils dansaient on aurait dit des américains ? Choi-Jonin et Delais-Roussarie (ce vol.) montrent que ces constructions, très fréquentes à l'oral, manifestent des propriétés syntaxiques et sémantiques particulières, mises en évidence par divers tests, et ne doivent pas être considérées comme des variantes libres de propositions reliées par un subordonnant. Au terme de l'analyse, leur conclusion est négative, l'analyse prosodique ne donnant aucun indice probant sur le type de dépendance syntaxique. La contribution de Rotaetxe revient de son côté à montrer qu'en basque, la transformation du coordonnant eta[4] en quasi-subordonnant, dans la mesure où elle se manifeste par sa cliticisation, ne peut s'analyser qu'en établissant une corrélation systématique entre syntaxe, sémantique et prosodie.

5. En guise de conclusion

Un simple coup d'œil sur la table des matières et les résumés des contributions à ce volume de FDL suffit pour faire apparaître l'ambiguïté du "et" du thème du colloque de mai 2005 et de ce même volume : il s'interprète globalement comme "et/ou". Ainsi, pour de nombreux auteurs, ou bien seule la coordination, ou bien seule la subordination, a été abordée — avec parfois un recentrage très intéressant sur les limites mêmes de chacun de ces deux sous‑thèmes, en explorant d'un côté les rapports entre coordination et parataxe, juxtaposition, co-subordination ou co-jonction, et, de l'autre, les rapports entre marqueurs de dépendance propositionnelle et les pré- ou post-positions). En revanche, d'autres auteurs ont analysé plus directement les limites de la distinction établie de manière croyait-on définitive au milieu du 20ème siècle, comme nous l'avons rappelé plus haut…

Quoi qu'il en soit, nous espérons que ces contributions fourniront aux lectrices et aux lecteurs de ce volume des données nouvelles, mais aussi parfois des outils formels, ou plus simplement, dans d'autres cas encore, des notions grammaticales (par exemple celle de la sous-spécification parfois syntaxique, parfois sémantique, parfois et syntaxique et sémantique, de certaines conjonctions) — données, notions et outils qui leur permettront d'approfondir leur réflexion sur des relations syntaxiques qui ne relèvent pas simplement, ou pas nécessairement, de la rection ou dépendance au sens étroit, ni de l'accord, ni même de la constituance, mais qui contribuent universellement à la richesse expressive des langues naturelles.

 

[1] Voir par exemple McGee-Wood (1993). Pour d'autres auteurs qui travaillent dans d'autres paradigmes, et admettent sans la moindre discussion le fait que coordination et subordination sont deux opérations ou configurations radicalement distinctes, voir Rebuschi (2001) où sont encore cités Martinet (1967), Wagner & Pinchon (1991) et Feuillet (1992).

[2] Les abréviations utilisées dans les exemples de cette introduction sont les suivantes : abl, ablatif; abs, absolutif; acc, accusatif; aux, auxiliaire; clf, classificateur; comp, complémenteur; coord, coordonnant; dat, datif; DfP, pivot distinct; du, duel; erg, ergatif; excl, exclusif; fut, futur; ind, (mode) indicatif; mpl, masculin pluriel; ms, masculin singulier; neg, négation; nom, nominatif; past, passé; pl, pluriel; poss, possessif; Q, morphème interrogatif; sg, singulier; tam, temps aspect modalité.

[3] Dans l’équivalent allemand de (14), il y a une protase à verbe fléchi final, qui marque par sa position même le caractère dépendant de cette proposition. En ce qui concerne la particule basque ere de la protase, elle peut en première approximation se comprendre comme ever dans whoever en anglais, bien que la correspondance ne soit pas véritablement exacte.

[4] Oyharçabal (2003) a montré que le eta qui se manifeste à la jointure d'une corrélative générique et de l'apodose, cf. (15) supra, peut également se cliticiser au dernier mot de la protase corrélative elle-même; le caractère quasi-subordonnant, sémantiquement interprété comme causal, de cet item avec cette valeur peut donc être pensé comme étant plus un effet qu'une cause d'un phénomène fondamentalement morpho-prosodique.

 

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