n° 50-1 : Comparaison d’égalité et de similitudeRésumés / Abstracts

 

Présentation générale par Claudine Chamoreau & Yvonne Treis (p. 5)

 

Claudine Chamoreau & Yvonne Treis : Comparaisons d’égalité et de similitude : comme du pareil au même [Comparison of equality and similarity: Like one and the same thing] (p. 9)

Résumé : Cet article introduit le numéro spécial sur l’expression d’égalité et de similitude, qui rassemble des descriptions détaillées de ces deux types de comparaison dans différentes langues génétiquement diverses. L’article précise la terminologie utilisée, passe en revue la littérature typologique sur le sujet, identifie des questions de recherche en suspens et discute la contribution typologique des descriptions rassemblées dans ce numéro. L’article met en évidence trois aspects des langues de e ce numéro spécial: De nombreuses langues ne font pas de distinction entre les constructions d’égalité et de similitude et utilisent le même marqueur standard dans les deux types de construction. De plus, plusieurs descriptions dans ce volume notent l’utilisation du numéral « un » dans les constructions d’égalité et de similitude. Enfin, certaines contributions font progresser nos connaissances du domaine des déictiques similatifs et équatifs, qui sont jusqu’à présent peu étudiés.

Abstract : This article sets the scene for the special issue on the expression of equality and similarity, which assembles in-depth descriptions of these two types of comparison in genetically diverse languages. The article introduces the terminology, reviews the existing typological, identifies open research questions and discusses the typological contribution of the descriptions assembled in this issue. Three aspects of the languages of the special issue are highlighted in this introductory article: Many languages do not distinguish between equative and similative constructions and use the same standard marker in both construction types. Several descriptions in this volume note the use of the numeral ‘one’ in equative and similative constructions. Finally, some contributions advance our knowledge of the little studied field of similative and equative deictics.

 

Katia Chirkova : Comparison constructions in Lizu (Tibeto-Burman) [Les constructions de comparaison en lizu (tibéto-birman)] (p. 25)

Résumé : Cet article porte sur la morphosyntaxe des constructions de comparaison en lizu, une langue tibéto-birmane parlée dans le sud-ouest de la Chine. Notre travail a deux objectifs : (1) de fournir une description synchronique de quatre types de constructions de comparaison : (i) les constructions comparatives de supériorité et d'infériorité, (ii) les constructions superlatives de supériorité et d’infériorité, (iii) les constructions d’égalité, et (iv) les constructions de similitude, et (2) de placer leurs caractéristiques distinctives dans un contexte typologique plus large. Les constructions de comparaison de lizu ont deux caractéristiques générales. D’une part, elles se caractérisent par la diversité des moyens d’expression, car elles combinent à la fois des marqueurs morphologiques (comme dans les constructions comparatives) et des marqueurs périphrastiques (comme dans les constructions d’égalité). D’autre part, elles sont marquées par la coexistence de plusieurs constructions en concurrence, par exemple deux constructions comparatives de supériorité, ou plusieurs constructions d’égalité et de similitude. D’un point de vue cross-linguistique, deux constructions de comparaison Lizu sont intéressantes à noter : (1) la construction comparative de supériorité avec un marqueur de standard analytique, qui est étymologiquement obscur, et un marqueur de degré morphologique dérivationnel (préfixe), et (2) la construction superlative de supériorité avec un marqueur de degré morphologique dérivationnel (préfixe). Étant donné que ces types de construction tendent à présenter une forte répartition géographique là où ils se produisent, nous les examinons dans leur contexte local, par rapport aux constructions correspondantes dans les langues voisines du lizu: le namuzi, le pumi, le nuosu, le tibétain et le mandarin. L’article est conclu par une discussion des implications de ces résultats dans des perspectives typologiques et géographiques.

Abstract : This paper focuses on the morphosyntax of comparison constructions in Lizu, a Tibeto-Burman language spoken in Southwest China. The paper has two goals: (1) to provide a synchronic description of four types of comparison constructions: (i) comparative constructions of superiority and inferiority, (ii) superlative constructions of superiority and inferiority, (iii) equative constructions, and (iv) similative constructions, and (2) to place their distinctive characteristics within a larger typological context. Lizu comparison constructions are characterised, on the hand, by the diversity of means of expression, combining morphological and periphrastic markers across construction types (e.g. morphological degree markers in the comparative and superlative constructions vs. periphrastic degree markers in the equative constructions); and, on the other hand, by co-existence of competing constructions (that is, two instances of superlative constructions of superiority and several instances of the equative and similative constructions). From a cross-linguistic perspective, two Lizu comparison constructions stand out: (1) the comparative construction of superiority with a dedicated, etymologically obscure, analytic standard marker and a dedicated bound degree marker (prefix), and (2) the superlative construction of superiority with a dedicated bound degree marker (prefix). Given that these construction types tend to show strong areal distribution where they occur, they are examined in the local areal context, as compared to corresponding constructions in the linguistic neighbors of Lizu: Namuzi, Pumi, Nuosu, Tibetan, and Mandarin. The implications of the findings are discussed in typological and areal perspectives.

 

Catherine Taine-Cheikh : L’expression de la comparaison d’égalité et de la similitude en arabe ḥassāniyya : Points de vue typologique et diachronique [The expression of comparison of equality and similarity in ḥassāniyya Arabic: A typological and diachronic perspective] (p. 45)

Résumé : L'article porte sur l'expression des évaluations quantitatives et qualitatives dans le dialecte arabe de Mauritanie (le ḥassāniyya).

La première partie, consacrée aux évaluations quantitatives, présente une analyse des comparaisons d’inégalité et d'égalité. Dans la première, qui prend régulièrement la forme d'une comparaison de supériorité, le standard, nécessairement présent, est introduit par le marqueur mən mais le paramètre est mis au centre de la construction et il est fait appel, pour l'exprimer, à une dérivation morphologique spécifique (dite elative). Dans la comparaison d'égalité, en revanche, le paramètre est rarement présent et c'est le standard précédé de son marqueur qui constitue la caractéristique principale de la construction la plus usitée.

Dans la seconde partie sont étudiées les modes d'expression de la similitude. Je montre que la structure canonique la plus fréquente est la même que celle de la comparaison d'égalité, la différence entre les deux évaluations reposant sur le choix du marqueur (généralement gədd pour l'égalité et kīv pour la similitude). Après la présentation des autres marqueurs de similitude, j'aborde différents cas où une évaluation qualitative se fait sans recours à un marqueur. À propos du sémantisme de certains verbes dérivés à préfixe s(t)a-, je discute de la frontière entre les notions de similitude et d’assimilation complète (ou identification).

Dans la dernière partie, j'étudie, d'une part, l'origine de tous les marqueurs utilisés en ḥassāniyya et, d'autre part, les lexicalisations ou grammaticalisations auxquelles ces marqueurs donnent naissance, celles-ci étant, pour une grande part, propres à ce dialecte.

Abstract : This article deals with quantitative and qualitative evaluation in an Arabic dialect of Mauritania, ḥassāniyya Arabic. The first part is dedicated to quantitative evaluation and presents an analysis of comparison of inequality and equality. In the first type, which usually expresses superiority, the obligatory standard phrase is introduced by a marker mən and the parameter, which is placed in the middle of the construction, occurs in a morphologically derived form, the so-called elative. In contrast, in comparison of equality, the parameter is often absent, and the most common equative construction is only characterized by the presence of the standard with its preposed marker.

In the second part, the expression of similarity is studied. It is shown that the most frequent canonical construction is parallel to that expressing equative comparison, differing only in the type of standard marker employed, which is gədd for equality and kīv for similarity. After a presentation of alternative similative markers, cases are discussed in which no dedicated markers are used for qualitative evaluation. The discussion of the semantics of certain verbs derived by the prefix s(t)a- touches upon the question where to situate the boundary between the notions of similarity and complete assimilation (identification).

In the last section, the historical origins of all markers used in comparison and their lexicalisations and grammaticalisations, which are specific to ḥassāniyya Arabic, are discussed.

 

Françoise Guérin : La comparaison d’égalité et de similitude en tchétchène et langues apparentées [Comparison of equality and similarity in Chechen and related languages] (p. 77)

Résumé : Cet article détaille au maximum les stratégies lexicales et syntaxiques pour exprimer les différents types de comparaison en tchétchène langue du Caucase du Nord. Il montre également l’évolution des constructions comparatives en fonction des contacts de langues en s’intéressant aux deux autres langues de la même famille à savoir l’ingouche et le bats ou tsova-tush.

Abstract : This article describes in detail the lexical and syntactic strategies to express different types of comparison in the Chechen language of the North Caucasus. It also shows the evolution of comparative constructions, taking into account the language contact situation by comparing Chechen to two other related languages, namely Ingush and Tsova-Tush.

 

Brigitte Pakendorf : Expressing equality, similarity, and pretense in Even (Northern Tungusic, Siberia) [L’expression de l’égalité, similitude et simulation en évène (toungouse septentrionale, Sibérie)] (p. 91)

Résumé : L’évène est une langue agglutinative avec une morphologie nominale et verbale extrêmement riche. Dans cette langue, le domaine de l’égalité et de la similitude est répartie différemment de ce qui se trouve dans des langues de la région européenne : l’Équatif n’exprime que l’égalité des dimensions mesurables (taille, longueur, âge, etc.) et s’oppose au Similatif, qui couvre une grande variété de fonctions, exprimant l’égalité de caractéristiques graduables et non-graduables, similitude de manière ainsi que similitude des actions ou des états. En plus, il existe une construction dédiée à l’expression des actions de simulation.

L’évène est parlé par des petites communautés dispersées dans une énorme région au nord de la Sibérie orientale. Cette dispersion géographique correspond à une fragmentation dialectale, avec une intelligibilité mutuelle très restreinte entre des dialectes périphériques. Les données sur lesquelles est basé cet article proviennent de deux dialectes divergents : le dialecte de lamounkhine parlé à la périphérie occidentale, et le dialecte de bystraja parlé sur Kamtchatka, à l’est de la distribution dialectale. Tandis que les deux dialectes font les mêmes distinctions fonctionnelles dans les domaines de l’égalité, de la similitude, et de la simulation, il existe des différences formelles entre les marqueurs utilisés.

Abstract : Even is an agglutinative language with rich, exclusively suffixing morphology in both the nominal and the verbal domain. The conceptual space of equality and similarity in this language is divided in a different manner from that found in the Standard Average European languages: an Equative restricted to the expression of equality of measurable dimensions (size, length, age, etc.) contrasts with a Similative with a broad range of functions. This expresses equality of gradable and non-gradable properties, similarity of manner, as well as similarity of actions or states. In addition, there is a separate construction dedicated to the expression of active pretense.

Even is spoken by small individual communities scattered across a vast area of northeastern Siberia. This dispersed pattern of settlement has led to considerable dialectal fragmentation, with highly restricted mutual comprehension between peripheral dialects. The data discussed in this paper stem from two divergent dialects: the Lamunkhin dialect spoken at the westernmost periphery of the language distribution and the Bystraja dialect spoken on Kamchatka in the east. While both dialects make the same distinctions in the domain of equality, similarity, and pretense, there are formal differences between the markers employed.

 

Béatrice Jeannot-Fourcaud : L’unité kon en créoles guadeloupéen et martiniquais : Analyse multifactorielle de la comparaison d’égalité [The marker kon in Guadeloupe and Martinique Creole: A multifactorial analysis of the comparison of equality] (p. 111)

Résumé : Cette contribution traite de l’expression des comparaisons d’égalité en créoles guadeloupéen et martiniquais. Elle s’intéresse en particulier à un connecteur spécifique, kon, hérité de comme (fr.), dont l’emploi est privilégié dans ces contextes.

L’article vise également à étudier la façon dont se structurent les champs de la comparaison équative et similative en intégrant à l’analyse l’étude de variantes concurrentes. L’une d’entre elle en particulier, aussi…ki, retient l’attention du fait qu’elle semble s’apparenter à un calque du français. Du fait des relations de proximité continue entre ces créoles et le français depuis les débuts de la créolisation, l’une des questions qui se pose de fait est de savoir si les données observables relèvent de traits hérités ou bien de traits empruntés, résultant donc du contact en synchronie.

Pour répondre à ces différents objectifs, l’article cherche à retracer à travers l’étude de textes anciens les cheminements qui ont pu opérer dans ces langues dès la première phase de la créolisation en les mettant en relation avec les changements successifs qui ont affecté les systèmes corrélatifs de la comparaison d’égalité en français.

Abstract : This paper deals with the expression of comparison of equality in Guadeloupe and Martinique Creole. It focusses in particular on kon, a connector originating in the French comme, who is preferred in equative comparison. By extending the analysis to elements that compete with kon, the paper also aims at examining how the domain of equative and similative comparison is structured. Among this elements, aussi…ki deserves particular attention, as it seems to represent a calque from French. Given the continuous coexistence of Creole and Standard French since the beginning of the creolization, it is to be asked whether the observations made in this paper reflect inherited features or whether they are borrowed, resulting thus from synchronic language contact. To meet these objectives, the paper tries to trace, through the study of old texts, the different pathways that were followed since the early beginning of the creolization and compares them to the successive changes that affected the correlative systems of equative comparison in French.

 

Claire Moyse-Faurie : Similarity, comparison of equality and verbal manner demonstratives in Polynesian languages [Comparaison de similitude et d'égalité, et verbes déictiques de manière dans les langues polynésiennes] (p. 135)

Résumé : Dans les langues polynésiennes, la comparaison de similitude et d'égalité s'exprime à l'aide de verbes spécifiques exprimant la ressemblance ou de verbes déictiques de manière. Chacun de ces verbes couvre un domaine sémantique particulier (ressemblance physique ou historique, comportement similaire, identité parfaite, etc.). Cet article décrit la structure morphologique de ces expressions lexicalisées, qui comportent un élément déictique, indiquant la distance entre le locuteur et l'interlocuteur (proximale, médiale ou distante) et un élément ontologique référant à la réciprocité ou à la manière. Ces verbes servent aussi à l'expression de la comparaison d'égalité. Le standard de comparaison est alors introduit par une préposition oblique, comme c'est le cas avec les verbes de ressemblance.

Abstract : In Polynesian languages, similitude and equative comparison can both be expressed with specific verbs, either verbs of resemblance or verbal manner demonstratives verbs. Each of these verbs covers specific semantic domains (historical or physical resemblance, similitude in behavior, complete identity, etc.). I will examine the morphological structure of these lexicalized expressions, which encode both a deictic component, indicating the distance from speaker and addressee (proximal, medial, distal) and an ontological one, either ‘reciprocity’ or ‘manner’. These verbs can also express equative comparisons, the standard of comparison is then introduced by an oblique preposition, as with verbs of resemblance.

 

Claudine Chamoreau : Equative and similative constructions in Chibchan languages [Constructions d’égalité et de similarité dans les langues chibcha] (p. 157)

Résumé : Cet article propose une première description des constructions d’égalité et de similarité dans douze langues de la famille Chibcha et se concentre sur deux particularités typologiques. Tout d'abord, il est montré que toutes les langues ont une construction avec seulement un marqueur de standard, mais - bien que toutes les langues chibcha aient un ordre SOV - l'ordre constitutif des constructions d’égalité n'est pas le même dans la famille. Certaines langues ont l'ordre attendu pour une langue SOV, c'est-à-dire que le marqueur de standard suit la norme et précède le paramètre. Les langues isthmiennes centrales, cependant, montrent l’ordre inverse, c’est-à-dire que le marqueur de standard apparaît après le standard et que les deux se positionnent après le paramètre. Deuxièmement, la distinction formelle et sémantique entre constructions d’égalité et de similarité établie dans diverses langues européennes, n’est pas attestée dans la plupart des langues chibcha, qui n’ont généralement qu’une construction pour exprimer la similarité et l’égalité. Seules trois langues, le cabecar, l’ika et le pesh, utilisent généralement une construction avec un marqueur du standard similaire pour la construction de similarité et ont une autre construction spécifique avec un marqueur de degré pour l'égalité.

Abstract : This paper offers the first description of equative and similative constructions in twelve Chibchan languages and focusses on two typological particularities. Firstly, all languages are shown to share a construction with only an equative standard marker, but – although all Chibchan languages have SOV order – the constituent order in equative constructions is not the same across the family. Some languages have the expected order for a SOV language, i.e. the standard marker follows the standard and both precede the parameter. The central Isthmian languages, however, show the reverse order, i.e. the standard marker occurs after the standard and both follow the parameter. Secondly, the formal and semantic distinction between equative and similative constructions, which is made in various European languages, is not attested in most Chibchan languages, which usually have only one construction for the expression of similarity and equality. Only three languages, Cabecar, Ika and Pesh, usually use a construction with a similative standard marker for similarity and have another dedicated construction with a degree marker for equality.

 

Yvonne Treis : Similative and equative demonstratives in Kambaata [Démonstratifs similatifs et équatifs en kambaata] (p. 175)

Résumé : S’appuyant sur un corpus oral ainsi que sur des données élicitées et des sources écrites, cet article examine en détail la morphologie, la morphosyntaxe et l’utilisation de six démonstratifs similatifs et équatifs en kambaaata, une langue couchitique d’Ethiopie. Le démonstratif de manière, hitt-íta ‘ainsi’, est un pronom simple ; le démonstratif synonyme, hittig-úta ‘ainsi’, a certes un thème qui est non-segmentable d’un point de vue synchronique, mais on peut supposer qu’il est issu d’une forme composée contenant un élément *g ‘manière’. Les deux démonstratifs de manière sont principalement employés en fonction adverbiale et ont une flexion pronominale réduite. Utilisés de manière interchangeable dans des fonctions exophorique et endophorique, ils ont cependant suivi des chemins de grammaticalisation séparés et ont développé des emplois non déictiques distincts. Les démonstratifs de qualité hittigoon-á (ta) ‘tel(le)’ et hittigaam-ú/-íta ‘tel(le)’ sont clairement des adjectifs dérivés du deuxième démonstratif de manière. Le kambaata dispose aussi de deux démonstratifs équatifs synonymes, kank-á(ta) et hibank-á(ta) ‘autant de ; si, tellement’. En tant que déterminant d’un nom ou modificateur adverbial d’un verbe non graduable, ils identifient une quantité; en tant que modificateur adverbial d’un adjectif ou d’un verbe (ou idéophone) qualificatif, ils identifient un degré. De plus, il apparait que les démonstratifs de degré/quantité ont couramment une valeur non déictique d’intensifieurs (‘très’).

Abstract : Based on data from recordings, written sources and elicitation, the present paper investigates in detail the morphology, morphosyntax and use of six similative and equative demonstratives in Kambaaata, a Cushitic language of Ethiopia. The first manner demonstrative, hitt-íta ‘like this’, is a simplex pronoun; the stem of the second demonstrative, hittig-úta ‘like this’, is synchronically not segmentable but can be assumed to result historically from a compositional form containing an element *g ‘manner’. The two manner demonstratives are predominantly used in adverbial function and have a reduced pronominal case system. Both can be used interchangeably in exophoric and endophoric function; they have, however, developed distinct non-deictic uses. The quality demonstrative adjectives hittigoon-á(ta) ‘such, of this kind’ and hittigaam-ú/-íta ‘id.’ are derived in a morphologically transparent way from the second manner demonstrative. Finally, Kambaata has two synonymous equative demonstrative adjectives, kank-á(ta) and hibank-á(ta) ‘this many/much, to this extent’. As adjectival modifiers of nouns and as adverbial modifiers of non-gradable verbs they identify a quantity; as adverbial modifiers of adjectives, property verbs and ideophones they identify a degree. The degree/quantity demonstratives are commonly used non-deictically as intensifiers (‘very’).

 

Shanshan Lü : Equative and similative constructions in Caijia (Sino-Tibetan) [Constructions d’égalité et de similarité en caijia (sino-tibétain)] (p. 203)

Résumé : Cet article se propose d’examiner trois constructions d’égalité et deux constructions de similarité en caijia, une langue non classifiée parlée dans la province chinoise du Guizhou, dans un contexte de langues sinitiques. Cet article (i) fournit la première description détaillée des constructions d’égalité et de similarité dans cette langue, (ii) aborde certains problèmes théoriques qui sont également observés dans les langues sinitiques, par exemple la multifonctionnalité du marqueur de standard ta⁵⁵ (<‘suivre’), qui donne lieu à deux analyses différentes de la structure; et (iii) apporte ainsi de nouvelles données intéressantes pour enrichir la dernière typologie de construction d’égalité de Haspelmath et al. (2017). Il est démontré que les constructions d’égalité du caijia partagent beaucoup de similitudes avec celles des langues sinitiques, mais elles possèdent également des caractéristiques uniques.

Abstract : This paper sets out to investigate three equative and two similative constructions in Caijia, an unclassified language spoken in Guizhou province of China, in a context of Sinitic languages. It (i) provides the first thorough description of equative and similative constructions in this language, (ii) addresses some theoretical problems that are also observed in Sinitic languages, e.g. the multi-functionality of the standard marker ta⁵⁵ (< ‘follow’), which gives rise to two different analyses of the structure; and (iii) thus contributes interesting new data to enrich the latest typology of equative construction set up by Haspelmath et al. (2017). It is shown that the Caijia equatives share many similarities with those in Sinitic, but it also possesses some unique features.

 

Françoise Rose : Similar but different: the functions of the Mojeño Trinitario root expressing similarity [Similaire mais différent : les fonctions de la racine exprimant la similarité en mojeño trinitario] (p. 227)

Résumé : Cet article s'intéresse à l'expression de la comparaison d'égalité et de la similarité en mojeño trinitario, une langue arawak des basses terres de Bolivie. Une introduction méthodologique discute du fait que, dans le corpus de textes spontanés recueilli par l'auteur, la racine kuti exprimant la similarité apparaît dans cinq constructions, alors qu'on ne trouve pas de comparaison d'égalité. L'article se concentre donc sur cette racine polycatégorielle, qui a les deux fonctions de prédicat similatif "être comme, ressembler", et de préposition similative "comme". Cette racine est aussi utilisée dans des verbes composés, comme subordonnant et comme marque épistémique. L'article décrit en détail les cinq constructions similatives, et les formes et les fonctions de la racine similative  kuti dans chacune de ces constructions. Deux questions principales sont discutées le long de l'article: la catégorisation de cette racine polycatégorielle en termes de parties du discours, et les changements diachroniques qu'elle a subi, par grammaticalisation et pragmaticalisation.

Abstract : This paper investigates the expression of comparison of equality and similarity in Mojeño Trinitario, an Arawak language spoken in Lowland Bolivia. A methodological introduction shows that the root kuti, which expresses similarity, occurs in five different constructions in the corpus of spontaneous texts collected by the author; examples expressing comparison of equality are, however, notably absent. The paper therefore focuses on the polycategorial root kuti, which functions as similative predicate ‘be like, resemble’ and as similative preposition ‘like’ and which is also used in verbal compounds, as a subordinator, and as an epistemic marker. The paper describes in detail the five similative constructions and the form and function of kuti in each of these constructions. Two major issues discussed throughout the paper are the characterization of this polycategorial root in terms of parts of speech and its diachronic evolution via grammaticalization and pragmaticalization