Détermination, généricité, massif et dénombrable avaient déjà fait le titre de plusieurs ouvrages. Il ne semble pas que ce soit le cas du nombre en tant que tel. Comme pour sa précédente livraison, Faits de langues s'efforce de rassembler les aspects les plus divers de la question en croisant délibérément les champs du savoir concerné (acquisition, histoire de la langue et de la linguistique, psychologie, langues dites rares), les faits et les points de vue. Le travail que l'on s'apprête à lire est l'aboutissement de cet effort de diversité. Quant à la convergence, elle résulte des échanges plutôt qu'elle ne leur préexiste. Après avoir envoyé l'ensemble des articles à chacun des auteurs, le Comité de Rédaction a pris note des remarques qu'on a voulu lui transmettre. Puis il a réuni les participants, afin que soient débattues de vive voix les questions autour desquelles s'était centré l'intérêt. De ces échanges est résulté un marquage plus net des convergences et des problématiques récurrentes. En sorte que l'on peut considérer, sans trop d'artifice, que les contributions s'organisent autour de trois axes majeurs.
Le premier rassemble les articles qui traitent des fondements cognitifs de l'opération du nombre, ou retracent les étapes essentielles de l'émergence de la catégorie dans l'histoire de la linguistique.
Le second regroupe les travaux qui tentent de préciser les différents types de saisie auxquels peut renvoyer le nombre, et envisage notamment les rapports entretenus par le singulier, le collectif et le pluriel.
Viennent enfin les travaux plus nettement centrés sur la place du nombre au sein des opérations qui président à la constitution de l'énoncé (prédication, construction référentielle, modulation). Tandis que certains proposent d'assigner au nombre une place comparable à celle du genre (en amont, en somme, des opérations de détermination et de construction référentielle), d'autres étudient l'incidence de cette catégorie sur la détermination et sur la relation du nom avec le verbe. D'autres enfin s'efforcent de définir ses effets en discours, et l'incidence de variations que l'on ne saurait simplement réputer stylistiques.
Pour la commodité de la lecture, les discussions du colloque, résumées par les soins du Comité de Rédaction, ainsi que les questions adressées aux auteurs des différents articles, ont été rassemblées à la fin de chacune des trois principales parties. On verra qu'elles permettent souvent de préciser certains enjeux dont le droit fil d'une démonstration ne permet pas toujours de mesurer toutes les incidences.