Jean-Marie Merle (coordinateur)Le sujet

Résumés / Abstracts

GilbertLazard (Ecole Pratique des Hautes Etudes) : Le sujet en perspective interlinguistique

Résumé

Le terme appelé sujet (grammatical) dans les langues d'Europe possède diverses propriétés morphosyntaxiques caractéristiques. Mais dans certaines langues ces propriétés sont inexistantes, et dans d'autres elles se partagent entre deux actants différents. Dans ces conditions, il paraît vain de chercher une définition universelle du sujet. Il vaut mieux poser un faisceau de propriétés (la « configuration subjectale ») qui est, selon les langues, d'épaisseur variable, de contenu variable et susceptible d'affecter un seul actant ou plus d'un.

 

Abstract : An interlingual view of the subject

The so-called (grammatical) subject is characterized in European languages by various morphosyntactic properties. However these properties are not to be found in certain languages, and in some languages they are distributed between two different actants. The quest for a universal definition of the subject is therefore abandoned in favour of a more flexible approach wherein the subject is construed on a bundle of properties (the “subject configuration”) whose bulk and content are variable across languages and which may concern only one actant or more than one.

 

Geneviève Girard(Université Paris 3) : La notion de sujet : une notion à définir

Résumé

Pour appréhender la notion de "sujet" dans toute sa complexité, nous partons de l'hypothèse que les différents sous-modules qui mettent en place le sens (module sémantique, morpho-syntaxique, syntaxique, discursif, pragmatique) n'œuvrent pas tous conjointement mais entrent en conflit dans certains environnements. Or tous ces sous-modules définissent un type de fonctionnement qu'ils appellent "sujet". Il s'agit donc de trouver ce qui caractérise ces différents "sujets" avant d'en proposer une définition unique.

Abstract

To understand what type of functioning is referred to by the term "subject" we shall start from the hypothesis that the various sub-modules (semantic, syntactic, discursive, pragmatic) that construct the meaning of a sentence do not work towards the same aim but have conflicting interests in certain environments. Although they each define a "subject", the operations at work are not the same. We shall analyse what characterizes the various "subjects" before trying to give a unique definition of it.

 

Christian Touratier(Université de Provence) : Sujet et syntaxe?

Résumé

La notion de sujet (gr. hupokeimenon), qui fut primitivement une notion informative relevant de la dialectique, a plus ou moins été considérée par les grammairiens soit comme une notion sémantico-logique soit comme une notion morphosyntaxique. Mais il est possible d'en donner une définition proprement syntaxique, à condition d'avoir une conception purement relationnelle de la syntaxe et donc de ne pas inclure abusivement dans la syntaxe l'ordre linéaire des constituants, qui relève de la morphologie.

 

Abstract

The notion of subject (gr. hupokeimenon), originally an informational notion associated with the dialectic method, has more commonly been construed by grammarians as a semantico-logical or morpho-syntactic notion. But it is possible to define the subject in purely syntactic terms provided that syntax is conceived in strictly relational terms, that is, excluding factors relating to the linear ordering of constituents.

 

Joëlle Gardes Tamine(Université de Provence) : La place du sujet en français

Résumé

Dans le cadre d'une conception radicale de la grammaire qui en élimine toute considération logique, N0, que l'on appelle traditionnellement le sujet, est défini par des relations structurales (des cases) et des contraintes d'ordre. Pour étudier la distribution de N0 par rapport au verbe, quatre paramètres sont nécessaires : les cases, la position respective des éléments, la zone, pré- et post-verbale, et la place dans le texte. Ils font apparaître le lien de la grammaire au style. Le style se construit sur la base de contraintes structurales et topologiques qu¹il respecte et dont il joue pour dessiner des configurations signifiantes qui concourent à l’interprétation. Il n’y a pas lieu de parler d¹inversion stylistique du sujet et du verbe comme s’il s’agissait d’un phénomène exceptionnel. Autorisée par la grammaire, respectant les contraintes structurales et topologiques, la postposition du sujet participe à la construction du texte.

 

Abstract

Within the framework of a radical conception of grammar that totally disregards logical considerations, "N0" (corresponding to the traditional concept of grammatical subject) is defined by means of structural relationships and word-order constraints. N0's distribution relative to the verb is seen as being determined by four parameters: (i) the structural relations into which it can enter, (ii) the respective position of the sentence constituents among themselves, (iii) N0's relative position in relation to the verb (i.e. preceding or following it), and (iv) its place within the text. These parameters are considered to govern the relationship between grammar and style. Style is seen as stemming from structural and topological constraints which are exploited so as to create patterns of meaning from which interpretation can proceed. Consequently, sujet-verb inversion no longer needs to be viewed as stylistically marked and, in so far as such a phenomenon obeys grammatical rules and remains within the bounds of structural and topological constraints, it is viewed as playing a role in the construction of the text.

 

Marguerite Guiraud-Weber(Université de Provence) : Le sujet en russe

Résumé

L'approche traditionnelle en grammaire russe définit le sujet en termes discrets : c'est l'actant au nominatif avec lequel s'accorde le prédicat (podlezascee). Mais comme cette définition ne permet pas une description adéquate de toutes les variantes de la phrase simple, les grammairiens recourent au concept mal défini de sujet sémantique ou logique (sub"ekt). L'auteur de l'article propose d'appliquer aux primes actants de certaines constructions dites « impersonnelles » le concept scalaire de traits subjectaux, ce qui rend possible de les hiérarchiser.

 

Abstract

The grammatical subject is traditionally defined by Russian grammarians as the actant in the nominative case which governs the agreement of the predicate (podlezascee). However, as this definition is not viable for the full range of simple sentences types, recourse is also made to the nebulous concept of logico-semantic subject (sub"ekt). In this article an analysis based on graded subjectal properties is applied to certain so-called impersonal constructions in order to characterize the first actant, thus enabling a precise classification to be established.

 

Claire Blanche-Benveniste(EPHE et Université de Provence) : Les formes grammaticales de réalisation des sujets et leur inégale représentation en français contemporain

Résumé

Il est souvent dit que, sous la pression du français parlé, les sujets de verbes tendraient à prendre tous une forme disloquée, « Mon père, il est venu ». Il est vrai que, dans le français parlé des conversations, les sujets prototypiques, composés de syntagmes nominaux placés avant leur verbe, sont assez peu nombreux. Mais les dislocations ne sont pas le phénomène le plus marquant. Une tendance générale pousse les sujets lexicaux, et surtout ceux qui contiennent des partitifs et des quantifieurs, à se placer derrière leur verbe, ou derrière un verbe qui leur sert de « dispositif ». On observe aussi que la forme des sujets est extrêmement variable selon le sémantisme des noms et des verbes, les genres et les situations de parole.

 

Abstract

It has been argued that there is a tendency in spoken French for the grammatical subject to be expressed as a dislocated structure (e.g. “Mon père, il arrive”), the lexical part being realized as a dislocated topic and the grammatical part as a clitic pronoun. Careful examination of data

concerning spoken French gathered in a large variety of situations shows a different picture however. The main tendency in fact is for grammatical subjects to occur in post-verbal position, either after their own verb or after certain grammaticalized verbs used for this purpose. Furthermore, the considerable variation in the form of grammatical subjects was found to be related as much to verbal and nominal semantics as it is to style, register and types of discourse situations.

 

Berthille Pallaud (ESA 6057, Université de Provence) : Achoppements dans les énoncés de français oral et sujets syntaxiques

Résumé

Les amorces de morphèmes dans les énoncés de français parlé varient d'un locuteur à l'autre et se produisent en moyenne 4 fois tous les 1000 mots. Les catégories linguistiques ne sont pas touchées de façon équivalente par ce phénomène. La catégorie grammaticale Sujet est beaucoup moins affectée par ces achoppements que les catégories Objets et Verbe. Cette étude décrit quantitativement et qualitativement la répartition des différents types d'amorces Sujet.

 

Abstract

The number and the type of word-fragments in oral French statements vary a lot depending on the speaker; they happened in an average of 4 times every 1000 words. The linguistic categories are not equally affected. Grammatical subjects are much less concerned by these oral marks than the Object and Verb categories. This study describe quantitatively and qualitatively the distribution of the different types of Subject word-fragments.

 

Jean Albrespit(Université Bordeaux 3) : Sujet et agentivité en anglais

Résumé

Dans cette étude les catégories « sujet » et « agent » sont examinées – en particulier les cas de non coïncidence entre sujet syntaxique et agent. L’analyse porte sur des énoncés à orientation passive et des adjectifs dérivés de verbes suffixés en able. Les points suivants sont abordés : les conceptions agentive, thématique et structurale du sujet ; la construction et l’effacement de l’agent, la pertinence ou non du trait agent dans le sujet.

 

Abstract

This paper offers an analysis of the categories of “subject” and “agent” and focuses in particular on instances where grammatical subject and agent fail to coincide. An analysis is made of utterances with a passive orientation and adjectives formed with the derivational suffix -able. The following topics are discussed: agentive, thematic and structural conceptions of the subject; construction or deletion of the agent; the relevance or irrelevance of the feature “agent” in regard to the function of subject.

 

Florence Lefeuvre(Université de Bretagne Occidentale) : Le pronom quoi en position de sujet

Résumé

L'objet de cet article est d'expliquer pourquoi le pronom quoi assume très difficilement le rôle de sujet dans les interrogatives (*Quoi se passe?) et dans les intégratives ou relatives sans antécédent (*Quoi se passe est stupéfiant). Selon notre hypothèse, il en est ainsi à cause des caractéristiques du pronom quoi (caractère indéfini, inanimé, forte valeur tonique) qui semblent inadéquates pour la fonction sujet. La périphrase en qu'est-ce qui (Qu'est-ce qui se passe) et le groupe ce qui ( Ce qui se passe est stupéfiant) prennent davantage en compte les contraintes imposées par la fonction sujet.

 

Abstract

The aim of this paper is to account for the fact that the pronoun quoi practically never functions as subject in interrogative or integrative clauses (*Quoi se passe? / *Quoi se passe est stupéfiant.). It is argued here that the explanation for this lies in the inherent characteristics of the form – in particular its indefinite and inanimate nature and its potential in regard to prosodic prominence, which make it ill-adapted for the function of subject. It is shown that the periphrasis qu'est-ce qui and the string ce qui are more compatible in this respect.

 

Nigel Quayle(Université du Littoral) : Sujet et support dans les phrases existentielles en anglais : essai d’analyse psychomécanique

Résumé

Les analyses traditionnellement proposées pour ce type de phrase en anglais font apparaître une certaine hésitation quant à la nature, voire l’identification, du sujet et, partant, de sa relation avec l’ensemble de l’énoncé. Cet article tente de démontrer que c’est le sémantisme même de there qui le rend apte à jouer le rôle de support énonciatif dans la phrase, rôle qui permet de poser le problème de l’organisation thématique de la phrase en termes de relations incidentielles, autrement dit, entre un apport et un support.

 

Abstract :Subject and support in existential sentences in English: a psychomechanical approach

Traditional analyses of this type of structure in English tend to avoid a precise definition of the nature of the subject and, as a result, gloss over its relation with the sentence as a whole. The aim of this article is to show that any attempt to analyse the role of there as support for the utterance has to be based on derivations of its initial meaning. Such an approach enables the problem of the thematic organisation of such utterances to be reformulated with reference to the Guillaumian notion of “incidence”.

 

Anne Dagnac(Université De Nantes) : L'interprétation du PRO sujet des infinitives circonstancielles : quelques pistes de recherche

Résumé

Les contraintes d'interprétation de PRO (sujet vide d'infinitive) diffèrent selon le type d’infinitive circonstancielle : il doit être lié strictement par le sujet de la matrice dans les temporelles, mais peut coréférer à n'importe quel argument de la matrice dans les causales en pour, sans obligation de c-commande mais avec une lecture de variable liée. Nous proposons que le contrôle de PRO s'effectue de deux manières distinctes, thématiquement vs syntaxiquement (avec dans ce cas une variante discursive contrainte), selon que l'infinitive appartient ou pas à la grille argumentale de la matrice. La différence entre le PRO des causales et celui des temporelles s'explique ainsi par leur différence de position structurale.

 

Abstract

Interpreting PRO in adverbial infinitives

In contemporary French, when PRO occurs in a temporal infinitive, it must be strictly bound by the matrix subject. In contrast, when PRO occurs in a causal infinitive, it can be controlled by any (c-commanding or not) argument, yet with a bound variable reading. We argue that two types of control are at stake: thematic control vs syntactic control (the latter with a constrained discursive variant). Thematic control holds if the infinitive belongs to the argumental grid of the matrix verb, which, we claim, is the case with causal ones. Syntactic control, requiring c-command, holds otherwise.

 

Jacqueline Guillemin-Flescher (Université Paris 7 – Denis Diderot) : Sujet énonciateur et sujet de l’énoncé dans la relation d’interlocution fictive

Résumé

Trois types d’énoncés sont envisagés dans cette étude: les questions rhétoriques, l’auto-interrogation et les questions dans le discours indirect libre. Les trois cas de figure sont analysés à la fois quant à leurs propriétés communes et aux variations qui les caractérisent. Ils comportent tous une question mais excluent la possibilité d’une réponse donnée par un co-locuteur. Si la forme interrogative est commune aux trois types d’énoncés, les autres contraintes syntaxiques se différencient d’un cas à l’autre. Elles se ramènent cependant toutes à la théorie centrale.

 

Abstract

Three linguistic structures are compared in this paper: rhetorical questions, questions addressed to oneself and questions in free indirect speech. The three patterns are examined both in relation to their common properties and to their distinctive features. Each involves a question yet precludes the possibility of an answer given by a distinct speaker. With the exception of the interrogative form, the syntactic constraints vary from one pattern to another but are all relevant to the central theory..

 

Bénédicte Guillaume(Université de Toulon et du Var) : A propos du sujet énonciateur en discours rapporté : le cas des question-tags

Résumé

Dans une perspective énonciative, les question-tags de la langue anglaise permettent au sujet énonciateur de mettre en question l’énoncé qu’il avait au préalable asserté. Ainsi, les conditions d’emploi des question-tags au discours rapporté, et notamment les cas d’impossibilité, permettent de mieux comprendre les rôles respectifs joués par l’énonciateur rapporteur et l’énonciateur rapporté dans les différents modes de report : direct, indirect et indirect libre. Le discours rapporté littéraire pose par ailleurs des problèmes de narration et de focalisation.

 

Abstract

In an utterer-centred approach, the English question-tag enables the utterer to call into question the contents of an utterance which had previously been asserted. The conditions relative to the use of question-tags in reported speech, including the impossibility to use them in certain cases, illustrate the roles respectively played by the reported utterer and the reporting utterer in the different types of report, namely direct, indirect or free indirect speech. Whenever studying literary reported speech, one must also pay attention to the issues of narration as well as focus.

 

Nathalie Vincent(Université de Toulouse II-Le Mirail) : Des sujets en quête de voix : les héroïnes de Jean Rhys en instance(s) de parole

Résumé

Cet article se propose d’examiner la notion de « sujet énonciateur » à la lumière d’un corpus littéraire particulier constitué par les romans et les nouvelles de Jean Rhys. Dans chacune des œuvres la voix intérieure de l’héroïne occupe constamment le devant de la scène grâce au monologue intérieur ou au discours indirect libre. Ce parti-pris d’introspection contribue à mettre en évidence l’identité brisée et la détresse langagière de l’héroïne dont les tentatives de communication avec autrui se soldent invariablement par un « impossible dialogue ».

 

Abstract

This paper aims at examining the notion of “enunciative subject” in the light of a particular literary corpus composed of Jean Rhys’s novels and short stories. Throughout each of these works the heroine’s inner voice is constantly brought to the fore by means of either interior monologue or free indirect speech. This introspective bias largely contributes to emphasize the shattered identity and linguistic distress of the heroine whose attempts to communicate with others always end up in an “impossible dialogue”.

 

Françoise Doro-Mégy (Université de Paris 7) : Rôle de l’articulation entre sujet de l’énoncé et sujet énonciateur dans le fonctionnement et la traduction en français des verbes think et believe

Résumé

Cet article a pour but d’analyser la façon dont les verbes think et believe mettent en jeu l’articulation entre sujet de l’énoncé et sujet énonciateur. Dans quelle mesure l’énonciateur peut-il se dédoubler pour introduire un double point de vue modal ? Nous examinerons les conditions sous lesquelles cette articulation constitue une contrainte de traduction dans le passage au français. Cela nous amènera à nous interroger sur le rapport entre think, believe, croire et penser.

 

Abstract

The aim of this article is to examine the way the verbs think and believe articulate the relationship between the subject of the utterance and the enunciator. This in turn raises the question of to what extent the enunciative origin can be doubled so as to allow for the expression of two separate modal points of view. By examining the conditions in which this articulation imposes constraints when translating these verbs, the generally supposed semantic proximity between think, believe, croire and penser is brought into question.

 

Guy de Montjou(Université de Versailles – Saint Quentin en Yvelines) : Subjectivité et subjectité dans l’emploi de could et de might

Résumé

Le but de cet article est d’avancer dans la définition de la différence existant entre les modaux could et might, parfois perçus comme étant quasiment interchangeables dans certains contextes. C’est sur l’opposition entre subjectité et subjectivité, opposition proche de l’opposition plus traditionnelle entre la modalité radicale et la modalité épistémique, que sera construite cette approche.

 

Abstract

The purpose of this article is to further define the difference between the modals could and might, which are sometimes perceived as being almost interchangeable in certain contexts. The approach adopted here is based on the opposition between subjecthood and subjectivity, a distinction that may be equated to a certain degree with the more traditional opposition between root and epistemic modality.

 

Robert Vion(Université de Provence) : Discontinuité et instabilité énonciative du discours

Résumé

Le déroulement du discours relève autant de la discontinuité que d'une continuité théorisée jusqu'ici avec des notions comme cohérence et cohésion. Cette discontinuité traduit les changements de direction que les sujets font subir à leurs propos, faisant et défaisant des équilibres discursifs instables, et modifiant constamment leurs modes d'implication énonciative, tant au niveau des voix mises en scène que des attitudes vis-à-vis des propos échangés.

 

Abstract

The way discourse unfolds is as much a matter of discontinuity as it is of continuity, the latter notion theorized up until now in terms of coherence and cohesion. Discontinuity is the result of the changes in direction that a subject may wish to introduce vis-à-vis what he/she has to say. Subjects constantly modify their involvement strategies both in regard to the voices that they invoke and in their attitude towards utterances produced by other discourse protagonists.

 

Laurent Rouveyrol(Université de Provence) : Positionnements dynamiques et mises en scène énonciatives

Résumé

Cette étude a pour ambition de montrer qu’une approche intégrant des phénomènes discursifs, interactionnels et énonciatifs est indispensable pour la description des reprises par auxiliaire en anglais. Dans ce cadre, le recours à certains outils, tels que le « rapport de place » ou les mises en scène énonciatives, développés par Robert Vion, permet d’analyser les activités des sujets considérées en termes de stratégies, ainsi que d’évaluer les modalités d’inscription qu’ils réalisent dans leur discours. L’activité langagière est alors vue comme une dynamique instable, faite de ruptures constantes et combinant des actes d’une grande hétérogénéité, le tissu discursif résultant essentiellement de la co-construction de l’interaction par les sujets en présence.

 

Abstract

This study is aimed at showing that only an approach integrating interactional, enunciative and discursive data is indispensable to analyse question-tags in English. Resorting to tools such as “interrelational positioning processes” or “ennunciative staging modes” developed by R. Vion makes possible the analysis of subjects’ activities in terms of strategies and also in terms of involvement within their discourse. Language activity, therefore, is seen as an unstable dynamic, constituted of breaks combining acts of very heterogeneous nature, discourse being essentially the result of the co-construction of interactions by co-participants.

 

Roxane Bertrand(CNRS, UMR 6057, Université de Provence) : Etre soi avec les mots d’autrui

Résumé

Ce papier aborde la question du sujet parlant à travers le concept d’hétérogénéité relatif à la pluralité de voix que le locuteur est souvent amené à construire dans son discours. L’analyse est menée sur des énoncés de discours rapportés directs produits par une locutrice dans une conversation familière. Le « modèle des places / positions » (Vion) constitue un dispositif formel et théorique opérant pour rendre compte de la manière dont la locutrice se construit, par le biais de cette pluralité de voix, une identité de sujet.

 

Abstract

This article sets out to examine the heterogeneity manifest in the plurality of voices that a speaker is often led to introduce into his/her discourse. Drawing on the “model of places/positions” (Vion), the discussion is mainly concerned with utterances in direct reported speech produced by a female speaker in the context of a familiar conversation. The adopted approach makes it possible to account for the way the speaker constructs for herself an individual subjective identity.

 

Guy Achard-Bayle (Université Pierre et Marie Curie, Paris VI) : Quand l’un est l’autre, et quand je est un autre : référence et référenciation

Résumé

Notre étude a pour thématique le dédoublement, et pour problématique les effets de cet avatar sur les saisies du référent, nominales et personnelles. Partant de la philosophie du langage, nous traitons du sujet en deux temps : de la personne dont on parle au je qui parle. Il s'agira alors de considérer, en termes logico-sémantiques, l'opposition continuité-discontinuité (de l'identité, des chaînes de référence), mais aussi la synthèse que permet l'identité narrative, c'est-à-dire la (re)construction par la réflexivité d'une cohésion de vie.

 

Abstract

This study focuses on the concepts of subject and subjectivity as manifestations of continuity and discontinuity and on the linguistic effects on identity of complex cases such as metamorphosis and double in fiction. Drawing on some central notions borrowed from the philosophy of language, the opposition between the person one talks about, and the I who speaks is re-examined. It is however the notion of narrative identity, borrowed from Paul Ricœur, which provides the key to the opposition between the same and the other in the form of the individual’s ability in the face of the diversity of change to (re)construct himself via reflexivity.

 

Séverine Morange(Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle) : La musique vocale du sujet parlant. Ou l’expression de la subjectivité et de la variation stylistique intra-individuelle à travers la prosodie

Résumé

La notion de sujet est envisagée ici sous l’angle de l’individualité et de l’affectivité, transparaissant chez celui que nous nommons le « sujet-parlant-prosodiant ». Par l’observation, d’un point de vue discursif et intonatif, de certaines formes autonymiques, puis des variations globales de la fréquence fondamentale et de l’intensité, nous entendons repérer des particularités « prosodo-stylistiques » de trois Parisiens âgés. L’hypothèse générale est que la subjectivité intervient non seulement en tout point de la chaîne articulée mais également de la chaîne « vocalisée ».

 

Abstract

In this article, the subject is considered from the point of view of the individuality and affectivity manifest in the production of the speaker (referred to here as the “speaking and prosodizing subject” (« sujet-parlant-prosodiant »). Occurrences of a number of autonymic forms in the speech production of three elderly Parisians were studied from a discursive and intonative point of view with the aim of isolating the essential “prosodo-stylistic” features. It is argued that subjectivity is present, not only at every point along the syntactic chain, but also at every point along the “vocalised” chain.

 

Aliyah Morgenstern, UMR 8031 (CNRS - Paris V): L’apprenti-sujet

Résumé

La notion de sujet est examinée par le biais de l'acquisition du pronom de première personne qui désigne le sujet de l'énoncé et le sujet énonciateur, et les identifie l'un à l'autre. Dire « je » c'est être capable d'avoir la même marque pour désigner l'agent et le support de pensée. Pour cela, il faut se dégager à la fois de l'un et de l'autre. Cette mise à distance se fait notamment à travers un décrochage par rapport à l'actualité que l'on peut appeler récit, accompagné, pendant une certaine période de l'acquisition d'une marque de rupture entre le sujet-énonciateur et l'objet du discours: le pronom de troisième personne. Autour de trois ans, l’enfant n’emploie plus que « je » pour se désigner, à la fois dans le récit et dans le discours.

 

Abstract

In this paper, we shall tackle the notion of subject through the study of the acquisition of the first person pronoun. The use of the pronoun “I” enables the child to designate himself as the subject of the utterance and as the speaker with one single marker. Around the age of two and a half, children will sometimes split those two dimensions in “autobiographical” narratives and use the third person pronoun to refer to themselves. Around three years old, “I” becomes the unique selfword corresponding to both the speaker and the agent in dialogues as well as in narratives.

 

Peter Prince(Université de Provence) : Le sujet parlant

Résumé

La point de départ de cet article est une étude longitudinale de la production orale en deuxième langue menée sur trois ans auprès de huit apprenants d'anglais. Ces sujets, de langue maternelle française, ont été enregistrés à trois reprises : la première fois à la fin de leur année de licence, la deuxième après avoir passé neuf mois en Grande Bretagne, et la dernière fois après une année de nouveau en France. La tâche expérimentale consistait à décrire des images extraites d'une bande dessinée. A partir des théories psycholinguistiques de la production orale chez le sujet monolingue (Levelt, 1989) et bilingue (De Bot et Schreuder, 1992 ; Poulisse, 1993), les productions obtenues ont été analysées sur le plan quantitatif et qualitatif. L'analyse a porté notamment sur l'étape menant de la conceptualisation à la mise en forme lexicale, ceci à travers l'exemple des verbes de mouvement.

 

Abstract

A longitudinal study of second language oral production by eight learners of English was conducted over three years, The subjects, all native speakers of French, were recorded on three occasions: once at the end of their degree year, once after spending nine months in Britain, and finally after another year spent in France. The experimental task used was the description of a series of pictures taken from a cartoon strip. The recordings obtained were analysed from both a quantitative and qualitative point of view, within the psycholinguistic theoretical framework of monolingual (Levelt, 1989) and bilingual (De Bot et Schreuder, 1992; Poulisse, 1993) oral production. The analysis focussed especially upon the stages leading from conceptualisation to lexical form, with the case of verbs of motion being used to illustrate the process.