n°34 : Espace-Temps Anglais. Points de vue

 

Résumés / Abstracts

Présentation générale : (p. 5)

1. Espace-temps, points de vue sur la "figure"

Catherine Paulin : Du mouvement au changement d’état : étude de l’unité verbale turn (p. 29)

 

RESUME : Catherine Paulin s'intéresse à la polysémie du verbe turn et, plus particulièrement, à ses emplois en tant que verbe de changement d'état. Elle étudie la relation entre polysémie, construction syntaxique et structure actancielle. En tant que verbe copule, l'unité lexicale turn encode le passage de non p à p et l'opposition entre un état antérieur et un état résultant. Si l'on accepte de considérer un état comme un lieu symbolique, le verbe turn, comme d'autres unités lexicales exprimant le mouvement et le changement d'état, permet d'établir un rapport cognitif entre espace, mouvement, directionnalité et causalité. Turn est décrit comme la métaphore d'une relation de causation indirecte dans laquelle le changement d'état est le résultat d'un mouvement métaphorique dont la trajectoire est spécifiée.

 

ABSTRACT : the author addresses the question of the polysemy of the verb turn and concentrates on the lexical unit as a change-of-state verb. Her paper examines the relation between polysemy, syntactic constructions and actancy. As a copula verb, the lexical unit turn encodes the opposition between a previous state and a resulting state. If one considers a state as a symbolic space, the verb turn, like other movement and change-of-state verbs, establishes a connection between space, movement, directionality at a primitive cognitive level. Turn is described as the lexical metaphor of an indirect relation of causation in which change-of-state is the result of a symbolic movement whose trajectory is specified.

 

 

Lucie Gournay : When, where, et la distinction temps et lieu (p. 41)

 

RESUME : Dans cet article, le but est de mettre en avant les spécificités référentielles de when par opposition à where, l’autre marqueur en WH- au fonctionnement adverbial. A partir des analyses développées dans plusieurs études énonciatives antérieures, l’auteur démontre, premièrement, que la distinction traditionnelle temps/lieu ne permet pas d’expliquer les différentes propriétés distributionnelles observées pour ses deux marqueurs et, deuxièmement, que cette distinction utilisée dans les études énonciatives antérieures est contradictoire avec les postulats théoriques retenus. L’étude des différentes emplois de when et where, notamment dans les questions et propositions adverbiales, permet à l’auteur de proposer un autre paramètre de distinction, que l’on peut formaliser à partir de propriétés topologiques et qui implique la détermination de deux types de qualification d’un contenu propositionnel.

ABSTRACT : The authors’s goal in this paper is to put forward the specific referential work of when by comparison with the other “adverbial” WH- marker, where. On the basis of previous enunciative studies, she shows that the traditional distinction, i.e. temporal location vs spatial location, does not suffice to explain the distributional properties of the two markers and that this distinction cannot be invoked without relying on a theoretical paradox. After analyzing various uses of when and where (most notably in questions and adverbials), the author proposes a new distinction, which involves topological properties and implies the determination of two types of propositional content’s qualification.

 

 

Bert Cappelle : The time is space metaphor : Some linguistic evidence that its end is near (p. 53)

 

RESUME : Dans cet article l’auteur traite de ce qu’il considère être une opinion peu fondée, à savoir qu’il y aurait en anglais contemporain une métaphore viable du type le TEMPS EST ESPACE telle qu’elle permettrait à des expressions spatiales de renvoyer à des notions temporelles ou aspectuelles. Ces dernières sont intégrées et devenues tellement automatiques qu’on ne peut plus les considérer comme résultant de conduites actives effectuées lors de l’acte de parole. A partir d’exemples de particules verbales exprimant des valeurs aspectuelles l’auteur défend la thèse que ces valeurs, à l’évidence, ne sauraient être analysées comme étant métaphoriquement liées aux valeurs spatiales de ces particules et que, de surcroît, ces valeurs temporelles sont dotées de propriétés syntaxiques que leur contreparties spatiales ne connaissent pas, ce qui conduit à penser qu’elles sont engrangées de manière indépendante dans le lexique mental. Ces arguments linguistiques apportent un complément à certains résultats récemment avancés en psycholinguistique et en neurolinguistique, résultats qui tendent à confirmer l’idée que les marqueurs spatiaux et temporels relèvent de domaines distincts.

 

ABSTRACT : in this paper the author deals with what he believes is something of a misconception, namely that there is a contemporarily viable time is space metaphor which allows spatial expressions to be interpreted as conveying temporal or aspectual notions. These latter notions have become too routinized to be still considered the outcome of such an ‘online’ mapping operation. Taking verbal particles with aspectual meanings as his material, the author argues that these meanings cannot obviously be treated as being metaphorically linked to the spatial meanings of these particles and that, moreover, the temporal uses have syntactic properties that their spatial counterparts do not have, necessitating their separate storage in the lexicon. These linguistic arguments complement some recent psycholinguistic and neurolinguistic findings about the distinctness of spatial and temporal language items.

2. Espace-temps, points de vue sur la "grammaticalisation"

Gregory Furmaniak : Quelques remarques sur les emplois grammaticaux du verbe take (p. 63)

 

RESUME : Il s'agit de décrire les propriétés syntaxiques et sémantiques des emplois grammaticaux du verbe take dans les constructions du type IT + TAKE + GN + PROPOSITION. L’article montre que ce schéma syntaxique de surface correspond à deux types de construction (extraposée et impersonnelle) et qu'il existe des correspondances entre la référence du GN complément et le type syntaxique. On examine comment ces deux paramètres interagissent pour construire le sens global de la construction. Les extraposées sont étroitement liées au sens de consommation, même si elles permettent l'inférence d'une valeur de nécessité. Les impersonnelles, au contraire, expriment plus naturellement la nécessité, en particulier lorsque la référence du complément bloque l'interprétation en termes de consommation. Enfin, on s’interroge sur les rapports, en synchronie, entre le sens lexical de take et ses emplois grammaticaux en suggérant qu'une explication en termes de métaphorisation et d'inférence pragmatique fournit un modèle plus convaincant que la thèse de l'invariant.

 

ABSTRACT : The aim of this paper is to provide a syntactic and semantic description of the grammatical uses of the lexical verb take in the string IT + TAKE + NP + CLAUSE. It is suggested that this syntactic pattern corresponds in fact to two different constructions (extraposition and impersonal) and that the reference of the direct object has something to do with the type of construction that may be used. These two parameters are shown to interact to influence the semantics of the construction as a whole. Extraposed constructions are more closely related to the meaning of consumption (although they allow the meaning of necessity to be inferred). In contrast, the impersonal constructions more naturally express necessity, especially when the reference of the direct object excludes the meaning of consumption. Finally, the article examines the synchronic links between the prototypical uses of take and its use in the constructions under scrutiny. It is suggested that an explanation in terms of core value is unsatisfactory and that a theory based on the concept of metaphor and pragmatic inference is to be preferred.

 

 

Denis Jamet : La grammaticalisation dans deux structures modalisantes : happen to, et appear to (p. 79)

 

RESUME : Cet article examine le rôle du processus de grammaticalisation dans deux structures de type "modal" : happen to and appear to. La première partie adopte une approche synchronique; après avoir rappelé quelques principes fondamentaux du processus de grammaticalisation, elle les rapproche de ces structures. La seconde partie adopte, quant à elle, une approche diachronique : des recherches effectuées sur le Corpus of Historical English et sur The Complete Shakespeare’s Works tentent d’expliquer le développement de happen to et de appear to. La question du degré de grammaticalisation de ces deux structures est finalement abordée, pour conclure que si happen to et appear to ont bien été créés par un processus de grammaticalisation, on peut cependant avancer que ce dernier n’est pas abouti

 

ABSTRACT : This article seeks to examine the role of the grammaticalization process in two “modal” structures : happen to and appear to. The first part adopts a synchronic approach and, after considering some basic facts about the grammaticalization process, happen to and appear to, it highlights the four main characteristics of the grammaticalization process, and examines them in relation to the structures under study. The second part adopts a diachronic point of view; research on the Corpus of Historical English and on The Complete Shakespeare’s Works provides an insight into the development of happen to and appear to. The question of the degree of grammaticalization for these two structures will also be tackled, to reach the conclusion that even if happen to and appear to were created through a grammaticalization process, it can be argued that the process is incomplete, morphosyntactically speaking.

 

Aliyah Morgenstern, Christophe Parisse, Martine Sekali : Les premières prépositions chez l’enfant : grammaticalisation de l’espace relationnel (p. 95)

 

RESUME : Dans la littérature, on établit des parallèles entre l’acquisition des prépositions par l’enfant et la grammaticalisation des prépositions en diachronie. Ces parallèles sont inspirés des valeurs spatiales des premières prépositions de l’enfant en anglais. Dans cet article, les auteurs expliquent comment le concept de grammaticalisation peut être mis à contribution dans l’étude de l’acquisition de la langue, en dépit de certaines differences importantes. Les auteurs comparent ensuite l’emploi des prépositions dans l’étude d’un corpus longitudinal (de 15 à 30 mois). L’analyse fait apparaître que l’enfant Anglophone utilise très tôt des prépositions telles que in, on, up (autour de 1;05), il les emploie à la manière de verbes (Tomasello, 1987) et de manière isolée. L’enfant francophone utilise d’abord des prépositions telles que “pour”, “à”, et “de” (autour de 1; 10). Ces prépositions n’ont pas de valeurs spatiales mais sont employées comme outils pragmatiques pour s’approprier le monde grâce au langage dans des contextes dialogiques.

 

ABSTRACT : in the literature, parallels are made between acquisition of prepositions by children and the grammaticalisation of prepositions in diachrony, based on the spatial value of children’s first prepositions in English. In this article, the authors explain how the concept of grammaticalisation might be used for the study of language acquisition, despite some important differences. They then compare the use of prepositions in the study of a French and an English longitudinal child corpus (from 15 to 30 months). The analysis reveals that the English-speaking child uses prepositions such as in, on, and up very early (around 1;05) but in a ‘verb-like’ manner (Tomasello, 1987) and in isolation. The French-speaking child first uses prepositions such as pour, à and de around 1;10. These prepositions do not have a spatial value but are used as pragmatic tools to appropriate the world through language in dialogical contexts.

3. Espace-temps, préposition et particule adverbiale

Sylvain Gatelais : With est-elle une préposition spatiale? (p. 109)

 

RESUME : Depuis les années soixante-dix les prépositions ont connu un regain d’intérêt, plus particulièrement suscité par les développements des théories cognitives. En conséquence, certains linguistes ont discuté de la primarité de l’espace et de l’interprétation métaphorique de l’analogie espace / non espace pour reconsidérer la polysémie des réseaux prépositionnels. Cet article esquisse une analyse cognitive de la préposition with, qui est souvent considérée comme relevant du non-spatial. L’article tente de discuter de la pertinence de la localisation spatiale dans des domaines variés tels que l’instrument, l’accompagnement, la manière, ou la cause. A cette fin, cette contribution se propose d’examiner des opérations cognitives primaires telles que la colocalisation, le contact, la métonymie, ou le dynamisme, du point de vue de la diachronie, d’abord, puis du point de vue de la synchronie. Il apparaît que les éléments cotextuels (temps, aspect, theta-roles) induisent des contraintes sur l’interprétation de ces prépositions. Ces contraintes peuvent être envisagées comme des “points de contact” entre ces différentes valeurs.

 

ABSTRACT : Since the 1970s, prepositions have created renewed interest, especially at the instigation of cognitive theories. As a result, some linguists have discussed the primacy of space and the metaphorical interpretation of the space/non-space analogy to reconsider prepositional polysemy networks. This article sketches a cognitive analysis of the preposition with, which is often considered as being non-spatial : an attempt is made at discussing the relevance of spatial location in such various fields as instrumentality, accompaniment, manner or cause. To do so, this paper examines such primary cognitive operations as colocalisation, contact, metonymy or dynamism first from a diachronic, then a synchronic point of view. It appears that co-textual elements (tense, aspect, theta-roles…) give rise to a number of constraints on the value taken on by the preposition. Those constraints can be viewed as “contact points” between these various values.

 

 

Catherine Chauvin : Les verbes directionnels et les prépositions (at/ to, quelques éléments sur against, toward(s), on, for) (p. 123)

 

RESUME : Cet article propose une approche des prépositions employées avec des verbes directionnels en anglais : at et to, ainsi que, plus secondairement, in, for, against, et toward(s). L’article montre que l’on peut fréquemment avoir recours à deux “dimensions” récurrentes pour at et to : a) orientation générale (to), vs cible ponctuelle (at), et b) “aggressivité” (at) vs orientation et/ou destinataire (to). L’article interroge la nature et les conditions d’emploi des dimensions en question, et ouvre la discussion sur l’emploi des autres prépositions.

 

ABSTRACT : The paper deals with prepositions used in conjunction with directional verbs in English : at and to, with fewer remarks on on, for, against and toward(s). It shows how two recurrent dimensions can be found in at/ to alternations : a) general orientation (to) vs. punctual target (at), and b) ‘aggressiveness’ (at) vs. either destination or addressee or orientation (to). The conditions of use and nature of these dimensions is then discussed and the paper suggests orientations for further research.

 

 

Laurence Delrue : Représentation de l’espace et du temps dans un récit d’événement personnel, rôle de l’intonation et du geste, étude de cas (p. 133)

 

RESUME : Cette étude de cas s’inscrit dans un travail de recherche plus étendu sur les liens entre prosodie et geste réalisé à partir d’une banque de données constituée de courts extraits filmés de récits d’événements personnels par de jeunes britanniques. Un logiciel, mis au point à l’Université de Lille 3, permet de synchroniser la lecture des déviations de tête du locuteur, vers la droite ou vers la gauche, vers le haut ou vers le bas, avec celle des variations de hauteur de la voix obtenues dans Praat. L’objectif est de montrer en quoi les caractéristiques vocales et gestuelles mises en évidence dans l’emploi par le locuteur des prépositions "in", "on" et "off" structurent son récit et permettent d’élaborer graduellement une représentation mentale de l’espace/temps dans lequel s’inscrit l’événement narré. On montrera, par le biais de l’analyse pluri-paramétrique, le rôle joué par les prépositions, rôle à la fois localisant, introduisant des espaces concrets (dont un terrain de football est le centre) mais aussi abstraits, discursifs. Toute l’architecture du récit tient à la mise en forme orale et gestuelle de l’événement vécu dans un espace recréé par la parole.

 

ABSTRACT : The author’s analysis is a case study based on a data bank comprising short filmed extracts of interviews between English-speaking French students and young English native speakers. A software which provides simultaneous analysis of intonation and gesture has been developed by the Phonetics Research Laboratory (Lille 3 University), enabling the characteristics of both the speech and the gestures used in relating an event to be defined. This synchronous reading highlights the use of the prepositions ‘in’, ‘on’ and ‘off’ as used in relating an event. In such a context, the spatio-temporal representation of the speaker is structured around the football pitch from which he was sent off. The acoustic analysis will show how the prepositions have a function which is both localizing (reference to an existing place) and discursive. Relating the event involves structuring both orally and by gestures, within a spatial context recreated by speech.

 

 

Jacqueline Guillemin-Flescher : Temps et espace dans la représentation linguistique de la perception (p. 147)

 

RESUME : L'objet de cet article est de montrer comment la perception est représentée linguistiquement et plus particulièrement :

a) quand elle est reliée à un point de vue spécifique

b) quand seul l'objet de la perception est représenté

On démontre que les exclamatives telles que There is !, les structures inversées telles que In came a young man, et, dans certaines conditions, les existentielles montrent le moment de la perception. On démontre que lorsque la juxtaposition de deux énoncés, dont le premier inclut un sujet animé et un verbe de perception ou un verbe exprimant un changement de position et dont le second contient un procès exprimé par be + ing, elle renvoie à une perception continue si elle est perçue subjectivement. Les critères qui excluent ce type de représentation font également l'objet d'une analyse dans la dernière section de l'étude.

 

ABSTRACT : The object of this paper is to show how perception is represented linguistically and more specifically a) when it is related to a specific point of view b) when only the object of perception is represented. Exclamations such as There he is !, inverted structures such as In came a young man and, under certain conditions, existential sentences are shown to express the moment of perception. The juxtaposition of two sentences, the first of which includes an animate subject and either a verb of perception or a verb expressing a change of location, and the second a process expressed by be+ ing, is shown to represent continuous perception when it is viewed subjectively. The criteria which preclude this kind of linguistic representation are also examined in the final section of the paper.

 

4. Espace-temps aspectuel

Eric Corre : Verbal particles / prefixes and lexical aspect (p. 163)

 

RESUME : Les prépositions et les particules sont connues pour leur polysémie et leur caractère multifonctionnel à travers les langues. Dans de nombreuses langues Indo-Europééennes elles sont réalisées sous la forme de préfixes ou préverbes ou comme adpositions détachables. Elles peuvent assumer des functions lexicales et / ou grammaticales. L’une de ces fonctions est de signaler le soi-disant aspect (a)télique au niveau du VP, ceci s’accompagne souvent de changements de valence. La présence de groupes prépositionnels, particules, préverbes a longtemps été considérée comme l’un des facteurs impliqués dans ce que l’on a appelé le “changement aspectuel”, c’est-à-dire le glissement d’une classe à une autre, en liaison avec les propriétés du GN (GN nu ou non) et la présence d’adverbiaux temporels.

Au niveau de la proposition ces marqueurs peuvent assurer une autre fonction; ils peuvent dériver un verbe perfectif à partir d’un verbe imperfectif. Ceci est le cas en russe. Il apparaît donc que particules et préverbes occupent une place importante parmi les marqueurs formels de l’aspect. L’auteur propose d’explorer ces interactions.

 

ABSTRACT : Prepositions and particles are notoriously polysemous and multifunctional across languages. In many Indo-European languages, realized as preverbal prefixes or preverbs or as detachable adpositions, they can have various lexical and/or grammatical functions, one of which is to mark so-called the (a)telic aspect at the VP level, and that often goes together with valency-changing effects. The presence of prepositional phrases/particles/preverbs has long been held as one of the factors involved in what is called “aspect shift”, i.e. change of membership from one aspectual class to another, along with the properties of the noun phrase (bare NPs or not) and the presence of time (frame or durative) adverbials. At the propositional level, they may serve another purpose, which is to derive a perfective verb from an imperfective verb : it is the case in Russian. So it appears that particles / preverbs figure prominently among formal markers of aspect; the author proposes to explore these interactions in this paper.

 

 

Lionel Dufaye : I wrote this article in the space of a week, In et since/for : analyse topologique des emplois temporels (p. 187)

 

RESUME : Dans les manuels, les valeurs temporelles de in sont généralement présentées comme des variantes stylistiques de for en contexte negatif (She hasn’t called for/in weeks). Pourtant la réalité distributionnelle s’avère plus complexe. Ainsi, comment rendre compte d’une ambiguïté comme I’ll do my homework in 10 minutes (soit 10 minutes from now, soit inside 10 minutes)? Ou encore du fait que I’ve seen him in 10 years est impossible alors que I’ve seen him once in 10 years est acceptable? Cet article cherche à montrer que l’intervalle de temps auquel renvoie in partage des propriétés topologiques avec for comme avec since, expliquant ainsi les zones de superpositions sémantiques. Comme since (et contrairement à for), l’intervalle est délimité par deux bornes disjointes, qui autorisent la localisation d’états de choses négatifs ou discrets. Comme for (et contrairement à since) in est non déictique, de sorte que son intervalle ne coïncide pas nécessairement avec la situation d’origine. Enfin, à l’inverse de for et since, in ne véhicule aucune orientation temporelle, ce qui le rend compatible avec des expressions comme in recent years avec lesquelles for seraient incompatible.

 

ABSTRACT : In grammar textbooks, temporal uses of in are often presented as stylistic variants of for in negative contexts (She hasn’t called for/in weeks). Yet upon closer examination the complexity of its distribution appears to deserve further attention. For instance, how can the ambiguity of I’ll do my homework in 10 minutes (10 minutes from now or inside 10 minutes) be explained? Or why is I’ve seen him in 10 years impossible whereas I’ve seen him once in 10 years is well formed? This article seeks to demonstrate that the time interval defined by in shares topological properties with both for and since, which accounts for overlapping distributional contexts. Like since (and unlike for), the interval is delimited by two disjoint boundaries that allow the localisation of negative or discrete processes; like for (and unlike since) in is non-deictic so that its interval is not necessarily bounded by the situation of origin. Besides, unlike for and since, in conveys no temporal orientation and is thus compatible in phrases like in recent years where for would be impossible.

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