n° 20 : Méso-Amérique, Caraïbes, Amazonie, Volume 1

 

Résumés / Abstracts


Mary-Annick Morel et Suzy Platiel : Présentation générale (p. 5)

André Cauty : Ethnolinguistique de terrain et théorie dynamique. Emergence d'interdisciplines ? (p. 7)

 

1. Etat des lieux sur les centres d'intérêts des linguistes concernant les langues de Méso-Amérique, Caraïbes, Amazonie depuis 20 ans

Jon Landaburu : Etat des lieux de la linguistique amérindienne en Amérique Latine ces vingt dernières années (p. 13)

Colette Grinevald : Linguistique et langues mayas du Guatemala (p. 17)

Adolfo Constenla Umaña : La linguistique de la Basse Amérique Centrale sur la période 1985-2000 (p. 27)

Jon Landaburu : Etat des lieux de la linguistique amérindienne en Colombie (p. 45)

Willem F. H. Adelaar : Classification des langues amérindiennes d'Amérique du Sud (p. 55)

Rodolfo Cerrón-Palomino : Panorama de la linguistique andine (p. 59)

Lucy Seki, Francesc Queixalos et Denny Moore : Approches d'un état des lieux de la linguistique indienne au Brésil (p. 65)

Marie-Claude Mattéi-Muller : Linguistique amérindienne au Venezuela (p. 73)

Spike Gildea : Etat de l'art des descriptions linguistiques des langues du groupe caribe (p. 79)

 

 

2. Les écritures précolombiennes

André Cauty  : Le type protractif des numérations de l’aire maya (p. 85)

Resume : L’auteur présente le "type protractif" des numérations parlées de l’aire maya. Cette aire sert d’observatoire et de laboratoire grandeur nature pour éprouver un cadre théorique de ‘dynamique sémantique’ propre à simuler et modéliser les sémiotisations protractives (ou ordinales) du nombre. La conclusion est double. Négativement : la protraction n'est ni une opération exotique, peu utilisée et sporadiquement attestée, ni une opération mineure, incompatible avec une arithmétique de qualité. Positivement : caractéristique de l'arithmétique maya, la protraction a permis aux scribes de construire une numération écrite de position avec zéro (ordinal, d’abord, cardinal ensuite).

Abstract : The author presents the “protractive type” of the oral numerations of the Mayan area. This area is used as an observatory as well as a life-size laboratory to test a theoretical framework of semantical dynamics proper to simulate and modelize the “protractive’ (or ordinal) semiotizations of numbers. The conclusion is two-faced. Negatively, the “protractive” operation is neither an exotic one, seldom used and sporadically attested, nor a minor one, incompatible with an arithmetic of quality. Positively, the “protractive” operation, a feature of Mayan arithmetic, has allowed the scribes to build a positional system of numeration with zero (ordinal one, first, and cardinal one, then).

 

André Cauty et Jean-Michel Hoppan : Action//interactions à l'œuvre dans la cogenèse maya des nombres, des numérations et du comput (p. 95)

Resume : D’une manière unique dans l’Histoire, l’assimilation d’un système de notation des grands nombres a conduit les Mayas à distinguer deux types de zéros. Cette découverte invite les chercheurs à réfléchir sur la nécessité des méthodes interdisciplinaires et du recul à prendre par rapport à un certain déterminisme culturel universaliste. Mettant en scène plusieurs peuples mayas et leurs voisins olmèques, l’invention du système mésoaméricain est un produit interethnique. Celle du zéro maya, ordinal d’abord, cardinal peu après, coïncide avec une période d’intenses échanges. On présente la spécificité des problèmes posés par : le déchiffrement d’une écriture oubliée, la reconstitution des possibles de sémiotisation, et la redécouverte des référents dont les glyphes font mémoire.

Abstract : As never seen before in history, the assimilation of a specific notation system for large numbers led the Mayas to make a distinction between two types of zeros. From this discovery, it has become obvious to researchers that they needed interdisciplinary methods of investigation, but also to stand back from a certain cultural universalist determinism. The invention of this precolombian American system is an interethnic elaboration, since it involved several Mayan peoples and their neighbours, the Olmeques. The creation of the Mayan "zero", ordinal first and cardinal a little after, coincides with a period rich in exchanges. This article presents the specificities of the issues raised by : the deciphering of a writing long forgotten, the reconstruction of semiotization possibilities, and the rediscovery of referents of which glyphs are a memory.

 

Michel Davoust : L’écriture Maya comme système hiéroglyphique logo-syllabique (p. 127)

Resume : Les Mayas possédaient l’écriture la plus élaborée des civilisations de l’Amérique précolombienne semblable à celle de l’Egypte ou de la Mésopotamie. Pendant longtemps elle résista à toutes les tentatives de déchiffrement particulièrement dans sa partie non chronologique. Mais depuis une vingtaine d’année les chercheurs ont réussi à identifier un système d’écriture logo-syllabique, à reconstituer son syllabaire et à élaborer un début de grammaire. Ils peuvent lire actuellement un certain nombre de ses textes glyphiques inscrits sur des monuments, des céramiques et des codex datés du IIIème siècle au XVIème siècle dans une langue proche de l’ancien maya cholti.

Abstract : The Mayas had the most elaborate writing of the ages of precolombian America similar to that of Egypt of Mesopotamia. But for a long time it resisted particularly all the attempts at deciphering in its non chronological part. But since a score of years the researchers succeeded in identifying a logo-syllabic system, have to reconstitute its syllabary and have to work out a beginning of grammar. They can currently read a certain number of its glyphic texts registered on monuments, ceramics and codices dated from the IIIrd to the XVIth century in a language close to the ancient Maya Cholti.

 

Marc Thouvenot : Langue nahuatl et écriture traditionnelle (p. 145)

Resume : Cet article tente de répondre à la question suivante : que transcrivait de la langue nahuatl ou aztèque l'écriture pictographique traditionnelle ? Une réponse est proposée après analyse et confrontation des éléments qui composent d'un côté la langue et de l'autre l'écriture.

Abstract : This article attempts to answer the question : what did the traditional pictographic writing transcribe of the Nahuatl or Aztec language ? An answer is suggested after analysis and confrontation of the elements that make up the spoken language on one hand, and the written language on the other.

 

3. Contacts entre les langues / les créoles

Thomas Stolz: Les hispanismes grammaticaux dans les langues amérindiennes (p. 163)

Resume : De nombreuses langues d'Amérique Centrale et d'Amérique du Sud ont emprunté un ensemble de morphèmes grammaticaux à l'Espagnol, lors de la colonisation ou même plus tardivement, dont la majorité sont des conjonctions et des particules plutôt que des prépositions. Ces langues possèdent des morphèmes synonymes, par conséquent, les emprunts semblent avoir pour but non de combler des "vides structurels", mais plutôt d'adopter les stratégies de discours qui organisaient la communication dans une culture de langue espagnole. Dans cet article, nous donnons une liste détaillée des morphèmes empruntés par 19 langues d'Amérique Centrale et 7 langues d'Amérique du Sud, ce qui permet de voir que "antes, o, pero, porque" sont les éléments les plus fréquemment empruntés, "pero" jouant un rôle prépondérant dans les systèmes d'emprunt.

Abstract : Many languages in Central and South America have borrowed a whole set of grammatical morphemes to Spanish, either during colonization or even after, of which a great majority are conjunctions and particles rather than prepositions. These languages possess synonymous morphemes, so borrowings seem not to be used in order to fill "structural gaps", but rather to adopt discourse strategies that organized communications in a culturally Spanish oriented part of the world. In this article, we give a detailed list of the morphemes borrowed by 19 languages of Central America and 7 languages of South America, which shows that "antes, o, pero, porque" are the most frequently borrowed elements, "pero" playing an essential role in borrowing systems.

 

Laurence Goury : Prédication en ndjuka (p. 175)

Resume : Cet article réexamine la nature et la fonction de la marque na en contexte prédicatif en ndjuka, langue créole du Surinam et de Guyane française. Les études précédentes en ont fait une copule, pourtant l'examen des données en synchronie et en diachronie laisse plutôt penser que na est avant tout une marque d'organisation de l'information dans le discours qui, à la suite de la fossilisation de certaines structures, est amenée à jouer le rôle de copule. Son origine non prédicative lui confère une place à part dans la syntaxe verbale: absence de combinaison avec les marques de TMA, possibilité de prédiquer sans sujet exprimé, autant de propriétés qui distinguent na d'un verbe.

Abstract : This paper proposes an analysis of the marker na in Ndjuka, an English based Creole from Suriname and French Guyana. Generally presented as a copula by the preceding studies, na is reanalysed in this paper as a comment marker, according to diachronical and synchronical data. The generalisation of previous non predicative structures has entailed the use of na as a copula, but its special status among verbs is a consequence of its primary pragmatic value : no combination with TMA markers, predication allowed without any subject marker, these are some of the features that exclude na from the verbal category.

 

Yves Moñino : Une sémantaxe euro-africaine en Amérique : les constructions génitives en palenquero  (p. 187)

Resume : La description détaillée des relations génitives dans une langue créole de Colombie, le palenquero, met en lumière pour la première fois dans un créole, une opposition entre constructions génitives aliénable / non aliénable, fréquente dans les langues d'Afrique Noire. Une analyse de la sémantaxe du génitif dans le créole guadeloupéen, dans des langues africaines avec et sans classes nominales et dans des langues véhiculaires et vernaculaires africaines, permet de proposer une interprétation de son origine en palenquero par métissage linguistique : dans la détermination nominale, le connectif singulatif palenquero ri ‘de’ est issu d'un croisement du connectif ibéro-roman de avec le préfixe kikongo de classe nominale li- ‘singulatif’, et sert à exprimer les relations génitives [nom+nom] et [nom+pronom] non intégrées à la sphère personnelle, alors que les relations intégrées (noms de parenté et de parties du corps) régissent la juxtaposition directe des éléments.

Abstract : A detailed description of genitive relations in a Colombian Creole, Palenquero, shows, for the first time in a Creole, an opposition between alienable / not alienable genitive constructions, frequent in many Black African languages. An analysis of the semantax of génitive in Guadalupean Creole, in African languages with and without nominal classes and in vehicular and vernacular African languages, leads to the interpretation of its origin in palenquero as the result of crossing linguistics : in nominal determination, the Palenquero singulative connective ri ‘of’ is the result of a crossing between ibero-romanic connective de and Kikongo nominal class-prefix li- ‘singulative’, and it is used to express genitive relations [noun+noun] and [noun+pronoun] not integrated to the personal sphere ; the integrated relations (filiation and body-parts nouns) govern direct juxtaposition of the elements.

 

Daniel Véronique : Spécificités du syntagme nominal dans les créoles atlantiques (p. 207)

Resume : La syntaxe et la sémantique du syntagme nominal des langues créoles constituent l’un des points majeurs de convergences et de divergences entre langues créoles à base lexicale française, hispano-portugaise ou anglaise. Dans cette contribution, l’on tente de dégager quelques spécificités des créoles atlantiques français et de les comparer avec d’autres créoles, dont les créoles français indiaocéaniques. Hormis des positions syntagmatiques de déterminants et de N, variables selon les aires géo-linguistiques, mais très fortement marquées par la post-position à N en Haïtien et dans les petites Antilles, il apparaît que les similitudes sont grandes entre les créoles français dans l’expression du générique, de l’indéfini, du défini et du démonstratif. Les créoles anglais et ibéro-portugais atlantiques présentent des faits de détermination analogues à ceux attestés dans les créoles  français. Les lieux principaux de divergence entre créoles résident dans la pluralisation-quantification et dans la formation d’un déictique emphatique.

Abstract : The syntax and semantics of NP is a major area of convergence and divergence between French-based, English-based, and Hispano-Portuguese Creole languages. This contribution attempts to identify specific properties of French Creoles and compare them with other Creole languages, including French-based Indian Ocean Creoles. Besides positional differences of determiners or N following geographic areas, especially post-position of determiners in the West Indies, the degree of similarity between French Creoles in the expression of genericity, definiteness, indefinitiness and deixis is quite high. English and Hispano-Portuguese ones exhibit similar features too. Major areas of divergence reside in the marking of pluralization-quantification and of emphatic deixis.

 

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