n° 17 : Coréen - Japonais (Dir. Irène Tamba et Raoul Blin)

 

présentation générale


Raoul Blin (CRLAO (CNRS-EHESS) et Irène Tamba (EHESS-CRLAO)

 

L’objectif du présent numéro est de donner un aperçu des recherches linguistiques actuelles portant sur le coréen et le japonais. Dans leur pays d'origine, en effet, le coréen, et plus encore peut-être le japonais, ont fait l'objet d'études philologiques et linguistiques, qualitativement et quantitativement tout à fait comparables à celles des langues anciennes et modernes en Europe. De plus, on assiste aujourd'hui au développement de problématiques originales, au confluent des courants linguistiques occidentaux contemporains et des traditions grammaticales et rhétoriques autochtones. Cependant, ces études étant pour la plupart rédigées en japonais, elles sont généralement ignorées des linguistes occidentaux, voire même des linguistes coréens ou japonais de formation occidentale. Il est donc temps de diffuser au niveau international les acquis de telles recherches. Elles abordent ces langues à travers les nouveaux filtres théoriques que représentent pour nous les traditions coréenne et japonaise. Ainsi complètent-elles ou révisent-elles la description du coréen et du japonais que donnent des linguistes formés dans les universités nord-américaines ou européennes, en remettant en cause certaines idées reçues au travers des catégories linguistiques occidentales et en introduisant des concepts linguistiques issus de phénomènes ou de structures propres à ces langues.

Toutefois, étant donné l'étendue des domaines étudiés et la diversité de leur approche théorique, on ne peut envisager de présenter, même sommairement, tous les sujets qui alimentent la littérature linguistique sur le coréen et le japonais. Aussi, plutôt que de procéder à une revue panoramique des travaux existants, avons-nous privilégié soit des synthèses de questions où l'on enregistre des acquis importants, soit de nouveaux modes d'approche qui élargissent ou renouvellent les problématiques. Il nous a semblé que ce n'est qu'en accumulant des observations empiriques consistantes que l'on peut espérer ouvrir de nouvelles voies de recherche et dissiper des idées reçues tenaces sur des langues dont le prétendu exotisme tient principalement à une large méconnaissance. Nous avons donc été contraints à des choix drastiques, guidés par quelques principes généraux.

Principes directeurs

En premier lieu, nous avons laissé de côté, d'une part les nombreux travaux socio-linguistiques concernant les variations dialectales régionales et celles des registres selon les situations de communication et, d'autre part, la masse des études consacrées aux langues anciennes et classiques ou au sino-coréen et au sino-japonais. Les articles retenus portent sur les langues standard écrites actuelles, avec une exception, pour donner un aperçu du fonctionnement d'une particule finale dans la conversation orale.

Mais qu'entend-on au juste par langue standard ? Pour le japonais, il s'agit de la langue officielle de l'état japonais, parlée par toute la population du Japon, enseignée à l'école et utilisée par les médias à travers tout le pays. Mise en place en 1945 après la défaite du Japon lors de la deuxième guerre mondiale, elle découle de la standardisation de la variété dialectale alors en usage à Toukyou et d'une succession de décrets qui en contrôlent l'évolution par des réaménagements progressifs. Pour le coréen, il existe actuellement deux langues standards en Corée du Nord et du Sud. Ces deux langues officielles sont en fait des adaptations partielles d'une langue commune antérieure, mise en place dès 1933 sous l'occupation du pays par les Japonais. La langue standard de la Corée du Nord, appelée choseonmal, a été fixée par les décrets de 1954 et 1966, en prenant pour base le parler de la capitale P'yonghyang. Quant à la langue standard de la Corée du Sud, appelée hangukeo, elle a été institutionalisée par les décrets de 1954 et 1966, sur la base du parler de la capitale, Séoul. C'est de cette seconde langue standard qu'il sera question ici, seuls les travaux linguistiques de la Corée du Sud nous étant connus, par suite de la fermeture politique de la Corée du Nord.

Notre seconde restriction relève d'un choix méthodologique. Une approche synchronique fondée sur le coréen et le japonais modernes s'est imposée à nous pour deux raisons majeures. La première tient à l'évolution même des deux langues qui fait que le japonais et le coréen contemporains sont assez éloignés des systèmes anciens et classiques respectifs de ces deux langues. Par ailleurs, l'absence de toute histoire générale de la pensée grammaticale japonaise et coréenne dans une langue accessible aux Occidentaux rendait utopique toute référence à tel ou tel point précis de la riche tradition grammaticale qui permet de suivre le développement d’une réflexion sur la langue à partir du 7e siècle au Japon et du 14e siècle en Corée. Et il était impossible d'en donner un aperçu dans le cadre de ce numéro. La troisième raison, enfin, est conjoncturelle. On est arrivé aujourd'hui à une étape où tradition autochtone et culture linguistique occidentale se rejoignent pour ouvrir sur des points de vue tout à fait originaux. D'où l'intérêt de faire le point sur l’état actuel de la discipline.

Mais le champ à couvrir restait encore trop vaste. Nous avons donc adopté une démarche consistant à examiner un petit nombre de questions en deux temps : un état des lieux suivi d'une ou plusieurs études de cas. Cette solution vise à éviter un double écueil.

Il nous est apparu, en effet, qu’à force d’évoquer de manière isolée certains phénomènes de ces deux langues sans connaître celles-ci, les linguistes généralistes, plus particulièrement ceux ne parlant pas ces langues, pensent s’être familiarisés avec des notions dont, en fait, ils ne maîtrisent ni les tenants ni les aboutissants. Tel est, par exemple, le cas pour les particules dites de sujet et de  thème (ha et ga en japonais, i/ga et eun/neun en coréen), qui sont traitées par les linguistes occidentaux en dehors de toute prise en compte de l’ensemble du système des particules fonctionnelles et énonciatives dont elles relèvent.

D'autre part, pour diffuser des recherches de spécialistes sur des langues inconnues d'une grande partie des lecteurs, il est indispensable de donner quelques repères desciptifs et théoriques, tout en évitant la répétition fastidieuse des présentations générales qu'offrent aujourd'hui divers manuels et articles d'encyclopédie.

Un dernier ensemble de restrictions tient au choix qui a été fait de présenter dans un même numéro la linguistique coréenne et japonaise. Il s'est agi, d'une part, de remédier au manque d'études contrastives sur le coréen et le japonais modernes en Occident[1]. D'autre part, il importait de dénoncer les biais et les dérives qu'entraîne l'accès indirect à ces systèmes linguistiques à travers des langues et théories linguistiques occidentales, en réexaminant certaines questions sous un angle contrastif. Enfin, nous avons souhaité accéder à des régularités systématiques dans les deux langues en vue d'une meilleure connaissance des données, préalable nécessaire à toute classification typologique et garde-fou utile contre les dangers des reconstructions d'une proto-langue mythique.

Nous sommes partis du constat de similitudes indéniables entre le coréen et le japonais standards d'aujourd'hui et notre objectif a été simplement de les mettre en évidence et de les préciser. Mais les limites mêmes de ce numéro nous interdisaient tout exposé systématique impliquant la présentation détaillée d'arguments et d'exemples tirés successivement du coréen et du japonais. Plusieurs solutions de compromis ont été adoptées. Nous avons traité de manière autonome quelques questions classiques représentatives de la linguistique coréenne ou japonaise. Pour d'autres cas, où le parallélisme était flagrant, nous n'avons retenu qu'une langue – de préférence celle où les faits avaient été le mieux décrits et problématisés – nous bornant à indiquer qu'il en allait à peu près de même pour l'autre ou à signaler, en complément, quelques divergences notables dans les faits ou dans leur traitement.

Organisation du numéro

Les articles sont regroupés en six grandes rubriques qui permettent une lecture thématique et que nous avons disposées suivant un ordre qui va du plus large au plus spécifique. En préambule, les deux langues sont situées dans leur cadre géographique et socio-historique, puis on fait le point sur l'état des recherches en précisant le statut des langues coréenne et japonaise étudiées et en donnant quelques repères bibliographiques.

La première rubrique concerne l'écriture. C'est elle, en effet, qui a déclenché un type d'analyse dont les effets sont encore sensibles sur la réflexion linguistique moderne en Corée et au Japon. Par ailleurs, l'écriture du japonais, périodiquement objet de débats, de polémiques et de réformes, constitue aujourd’hui encore une barrière dont le franchissement est une épreuve non négligeable aussi bien pour le linguiste occidental qu’extrême oriental. Il était donc indispensable de consacrer un article à l’histoire de l’écriture japonaise. Ce sera la seule entorse au principe d’étude synchronique qui a commandé l’architecture d’ensemble de ce numéro.

Les rubriques suivantes correspondent à un découpage disciplinaire classique : lexique, phonologie, structure de l'énoncé et de la phrase, classes de mots. Si le lexique précède la phonologie, c'est que sa structure en trois strates, mots autochtones, mots adaptés du chinois, et emprunts aux langues occidentales modernes, permet de mieux comprendre l'imbrication de plusieurs systèmes phonologiques. Par ailleurs, ces cadres familiers n'empêchent pas l'introduction de notions inexistantes ou peu explorées dans les langues européennes : la more, l'harmonie vocalique et différents phénomènes de jonction caractéristiques de l'agglutination en morpho-phonologie; pour le lexique, les catégories iconiques du vocabulaire sensoriel : idéophones, onomatopées, termes de couleurs, et la structure différente des mots autochtones et sino-coréens ou sino-japonais. Au niveau énonciatif et phrastique, on a mis l'accent sur les registres de communication, les systèmes d'honorification et d'adresse, la panoplie des particules fonctionnelles ou énonciatives et des suffixes modaux, aspectuo-temporels, les paradigmes et mécanismes de la deixis, de l'anaphore ou encore les enchâssements par nominalisation d'unités lexicales ou propositionnelles. La modalité et le temps sont une des parties de la linguistique japonaise qui prêtent le plus à confusion. Les études japonaises ont sensiblement évolué par rapport à ce sujet. On est passé d'une approche à fondement morphologique et lexical, s'intéressant aux paradigmes flexionnels des verbes et des qualitatifs et à des listes sémantiques de verbes, à la prise en compte d'une palette de paramètres plus large, incluant notamment la forme et le nombre des arguments. La question des registres relève dans les deux langues de systèmes complexes à la frontière entre plusieurs disciplines : linguistique, psychologie, sociologie

Les dernières rubriques sont consacrées à l'étude du groupe nominal et du prédicat, dont on précise les modes spécifiques de détermination, assez différents de ceux des langues européennes. D'autres éléments, qui ne s'inscrivent pas clairement dans l'un ou l'autre de ces groupes, font l'objet d'articles séparés : les interrogatifs indéfinis du japonais, les adverbiaux du coréen. Les particules occupent une place importante dans ce travail. Il était en effet nécessaire de replacer dans son contexte cette catégorie souvent évoquée par les non-japonisants, mais en définitive mal connue, ou connue de manière trop parcellaire. La lecture des deux études portant sur des particules modales ou énonciatives et sur les connecteurs, en apparence synonymes, bakari, dake, en japonais, -(i)na/ -(u)na, -man/-chiman, en coréen permet de mesurer l’importance du non-dit implicitement codé dans le sémantisme argumentatif de ces particules..

Transcription du japonais

Pour faciliter la lecture de ce numéro, nous avons souhaité unifier la transcription alphabétique des exemples coréens et japonais. On dispose en effet aujourd'hui de plusieurs systèmes concurrents pour transcrire alphabétiquement ces deux langues, sans qu'aucun ne soit pleinement satisfaisant et sans que les gouvernements de ces pays n'aient imposé une norme. Néanmoins, au Japon,  une note officielle de 1954 préconise l'emploi de deux systèmes : le système Hepburn, établi par les Américains après la 2e guerre mondiale et le système kunrei mis en place par les Japonais (officialisé en 1937, cf. Griolet P., 1996). Or, il est ressorti de nos nombreux débats sur la question que nos choix étaient non seulement conditionnés par des facteurs pragmatiques, de simple routine ou à justification pédagogique, mais aussi dépendaient des démarches et objectifs linguistiques de chacun. Sur ce dernier point, quelques précisions s'imposent.

Nous avons considéré que la transcription mettait en jeu non une notation alphabétique des sons articulés propres aux deux langues standards mais la conversion des systèmes orthographiques officiels dont était dotée chaque langue. Autrement dit, il s'agit d'établir des règles de translittération et non de transcription phonétique. Dans cette optique, on a privilégié une transposition aussi fidèle que possible permettant l'aller-retour entre les notations japonaise et coréenne et la notation en alphabet latin, ou romanisation, selon la terminologie japonaise.

Or, cette romanisation s'effectue en japonais, à partir des deux syllabaires, hiragana et katakana, et en coréen, à partir de l'alphabet hangeul. Chacun représente un compromis délicat entre une notation phonologique et une analyse morphologique. Ainsi, l'écriture continue du japonais, qui n'utilise pas le blanc typographique pour isoler visuellement une unité graphique, pose le problème ardu du découpage de l'unité lexico-grammaticale de base, correspondant au mot graphique. Rien de tel en coréen, où l'on a établi des conventions de séparation permettant de visualiser des unités graphiques.

Par exemple, les particules fonctionnelles postposées aux groupes nominaux sont soudées au nom final de groupe en coréen de même que les différentes terminaisons variables des prédicats qui s'attachent au lexème verbal ou qualitatif. Cette solution est justifiée par une raison phono-morphologique : l'existence en coréen de couples d'allomorphes des morphèmes fonctionnels selon que la finale à laquelle ils s'enchaînent est vocalique ou consonantique. Par exemple neun/eun pour la particule thématique. En japonais la tendance dominante est plutôt le détachement des particules post-nominales. On argue alors de la catégorisation morphologique des noms dans les mots invariables (taigen). En revanche les verbes et qualitatifs, analysés comme des mots variables (yougen) sont soudés à toute une série de morphèmes auxiliaires de temps, mode, ou de relations entre énonciateurs[1]. L'unité phono-graphique de base pour les kana japonais est la more, celui de l'alphabet la syllabe. L'orthographe latine privilégie la syllabe, ce qui explique certaines difficultés de transcription. En effet on peut établir des équivalences régulières entre une more et une syllabe quand on a affaire à des voyelles brèves et des groupes Consonne+Voyelle, lorsque la syllabe correspond à une voyelle simple ou à une suite CV qu'il suffit de décomposer en voyelle et consonne. Mais les difficultés surgissent pour tous les cas où il faut convertir deux mores en une syllabe. Soit, comme le montre Labrune (infra), dans les cas :

— d'obstruction anticipant une occlusive, noté par っ;

— de nasalisation finale (ん) de syllabe;

— de voyelle durant deux mores. Le japonais a un signe spécifique d'allongement en katakana, un trait postposé au signe kana (ー), mais pas en hiragana, où coexistent plusieurs signalisations : ajout d'un kana vocalique identique à la composante vocalique d'un autre kana, ex. し(|Si|) suivi de い(|i|) donne しい (|Sii|); ou différente, ex. こ (|ko|) う(|u|), こう(|koo|).

— de palatalisation, sous l'influence d'un yod : ex:ち (|tSi|)

 

En dehors de ces deux systèmes, les japonologues occidentaux utilisent diverses transcriptions en rapport avec le système phono-graphique de leur propre langue. Par exemple, les anglo-saxons, à travers Hepburn, utilisent la transcription chi pourち(|tSi|). En l’absence de toute indication, un francophone lira (|si|).

Conventions de transcription du japonais pour le numéro

N'ayant pu trouver une solution qui faisait l'unanimité, force nous a été d'adopter les conventions générales suivantes, qui valent à défaut de tout autre option particulière justifiée par l'auteur de l'article.

— Expliciter l'objet à transcrire : les principaux modes existants ne précisent pas clairement leur objet de départ. Le mode kunreisiki (officiel) privilégie l'écrit et la translittération de l'écriture tandis que le système Hepburn rend compte plutôt de la lecture. Il nous semble important dans le cadre de l'analyse linguistique de bien distinguer l'oral de l'écrit, qui fonctionnent parfois fort différemment. Le mode de transcription adopté est une retranscription de l'écrit en kana. A l'instar des autres méthodes, il ne rend pas compte de la différence kana-kanji et de ce fait perd de l'information par rapport au texte original.

— Le système de transcription permet de retrouver le texte de départ, à partir de sa transcription, au contraire par exemple de Hepburn, qui, comme signalé plus haut, ne différencie pas les différents marquages de l’allongement vocalique.

— Dans le cas de deux transcriptions d'une même suite de kana, nous privilégions la solution la plus simple, et donc la plus courte. Par exemple, pour le signe し ½Si½, entre les deux transcriptions en shi et si, nous adoptons la seconde, plus courte.

— Enfin, il est légitime de s’adapter aux modes d’écriture utilisés à ce jour, comme le courrier électronique. Les échanges entre auteurs, dans différents pays, exigent de recourir à un mode de transcription compatible avec le plus d’outils de communication possible. C'est pourquoi les accents ne passant pas à la date d’aujourd’hui avec tous les systèmes, il a été nécessaire de choisir un mode de transcription sans accent, qui légitimait le choix d’un mode proche du système kunreisiki.

 

Il a résulté de ces principes le mode de transcription suivant :

Les kana (avec ou sans signe diacritique), n'apparaissant pas en petit dans le texte d'origine, sont transcrits selon le tableau suivant :

 

 

a

i

u

e

o

 

ka

ki

ku

ke

ko

 

ga

gi

gu

ge

go

 

sa

si

su

se

so

 

za

zi

zu

ze

zo

 

ta

ti

tu

te

to

 

da

di

du

de

do

 

na

ni

nu

ne

no

 

ha

hi

hu

he

ho

 

ba

bi

bu

be

bo

 

pa

pi

pu

pe

po

 

ma

mi

mu

me

mo

 

ra

ri

ru

re

ro

 

 

 

ya

yu

yo

 

 

 

 

 

n'

 

On note régulièrement le voisement par le dakuten (deux petits traits) et l’initial /p/ par le handakuten (un petit rond) « ajoutés » en hautbà droite des kana[2]. La transcription adoptée, à l’instar des systèmes existants, ne rend pas compte de cette dissociation. Puisqu’il n’y a pas d’ambiguité dans l’écriture, on peut de toute façon retrouver sans difficulté la graphie originale à partir de la transcription en alphabet latin.

Le kana marquant l’allongement sera explicité, comme c’est le cas avec la transcription kunreisiki (mais non avec Hepburn). Cette transcription rend compte du recours à deux kana différents pour marquer l’allongement d’une même voyelle : とう(tou) et とお(too).

Nous respectons les anomalies graphiques dues à un décalage entre l'évolution phonétique et la fixité graphique qui affecte quelques particules : he, wo, ha.

 

L'allongement

う suivant un kana en -u (くぐす...) et -o (こ、ご、そ...) est transcrit u: 党 ® とう ® tou

お suivant un kana en -o est transcrit o: 遠い ® とおい ® tooi

 

Iota

Les suites kana en -i suivi d'un petit kana en y- sont transcrites comme suit :

 

きゃ、きゅ、きょ

kya,kyu,kyo

ちゃ、ちゅ、ちょ

tya, tyu, tyo

じゃ、じゅ、じょ

zya,zyu,zyo

ぢゃ、ぢゅ、ぢょ

dya,dyu,dyo

 

Le petit tu

Le petit っ notant une obstruction sera rendu par le redoublement de la consonne qui le sui : った sera transcrit tta, っしゃ sera transcrit ssya.

Exemple

En définitive, une phrase simple de départ comme 東京は寒い[3] sera réécrite en kana : とうきょうはさむい puis transcrite toukyouhasamui. Pour des questions de lisibilité, un découpage distingue les lexèmes et particules : toukyou ha samui. Ce découpage pourrait être l’objet à son tour de débat mais un consensus s’est établi sur l’introduction d’un tels espaces. Il s’agit de toute façon essentiellement d’une question de lisibilité.

Transcription du coréen

Le système de transcription coréen adopté dans les articles de X. Kim et I. Chang est celui du Ministère de l’Education de Corée du Sud (rectifié le 15 juillet 2000). Ce système a pour principe de transcrire la prononciation du coréen standard et de ne pas utiliser les signes autres que les lettres romanes. Ainsi pour prendre un exemple, 어/eo/ se transcrit avec les lettres de sons entre lesquels se situe la prononciation de 어/eo/. En nous basant sur la translittération, nous adoptons /eui/ pour la transcription de 의 contrairement à celle du Ministère de l’Education de la Corée, /ui/. Selon la nouvelle norme respectant la prononciation, les consonnes se transcrivent comme suit :ㄱ, ㄷ, ㅂ, ㄹ par  /g/, /d/, /b/, /r/ devant les voyelles, par /k/, /t/, /p/, /l/ devant les consonnes ou à la fin d’une syllabe. Mais pour ce numéro, nous les transcrivons par /k/, /t/, /p/ et /l/. Pour les sons aspirés comme ㅍ, ㅌ, ㅋ, /p’/, /t’/, /k’/ sont adoptés dans ce numéro, contrairement aux normes coréennes.

 

Voyelles

antérieure       médiane     postérieure

fermée

semi fermée

semi-ouverte

ouverte

이/i/     위/wi/    으/eu/      우/u/

에/e/     외/oe/                오 /o/

애/ae/   어/eo/

아/a/

 

Consonnes

labiales

dentales

palatales

vélaires

glottales

occlusives

douces

fortes

aspirées

 

ㅂ /p/

ㅃ /pp/

ㅍ /p’/

 

ㄷ  /t/

ㄸ /tt/

ㅌ /t’/

 

 

ㄱ  /k/

ㄲ /kk/

ㅋ /k’/

 

affriquées

douces

fortes

aspirées

 

 

 

ㅈ  /j/

ㅉ /jj/

ㅊ /ch/

 

 

fricatives

douces

fortes

 

 

ㅅ  /s/

ㅆ /ss/

 

 

 

ㅎ  /h/

nasales

ㅁ /m/

ㄴ  /n/

 

ㅇ /ng/

 

liquides

 

ㄹ  /l/

 

 

 

Conventions de notation

Grammaire

Les exemples sont explicités par une analyse grammaticale et une traduction. Ces informations sont données à titre indicatif et ne doivent en aucun cas être prises à la lettre. Les conventions de notation grammaticale sont les suivantes :

O : particule objet, TH : particule thématique, S : particule sujet

PF: particule finale

Dans la mesure du possible, les autres éléments grammaticaux ont été traduits en fonction du contexte.

Noms propres

En japonais comme en coréen, l'ordre régulier est "nom-prénom". Mais par souci d'unification avec l'usage occidental, l'ordre retenu est "prénom-nom".

 

[1] On voit par là que l'écriture alphabétique n'est pas totalement indépendante des systèmes linguistiques, contrairement à ce qu'affirme Saenger P., « les conditions de transcription d'une langue sont quasiment indépendantes de sa structure linguistique » (Annales, 1993 : 939).

[2] L'encodage informatique des caractères ne rend d'ailleurs plus compte de cette séparation et considère comme un caractère unique le kana accompagné d’un signe de voisement.

[3] A Toukyou, il fait froid.

 

 

[1] Il n’en va pas de même au Japon et en Corée, comme l’attestent les deux volumes publiés en 1997 par le Centre national de recherches linguistiques de Toukyou : Japanese and Korean, Retrospectives and Outlook in Japanese and Korean, Research articles (en japonais).

voir aussi

 

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